Le patrimoine culturel et le patrimoine naturel sont de plus en plus menacés de destruction non seulement par les causes traditionnelles de dégradation mais encore par l’évolution de la vie sociale et économique qui les aggrave. Ce sont là des phénomènes d’altération et de destruction plus redoutables que sont les médias. Ces derniers, quand ils sont sous l’emprise d’un libéralisme sauvage, ne peuvent contribuer qu’à la dégradation des mœurs les confinant dans un arrivisme abjecte de soumission et d’effacement.
L’inégalité d’accès aux moyens d’expression culturelle, tant nouveaux que traditionnels, n’implique pas seulement un déni de reconnaissance culturelle, elle a aussi des conséquences sur l’appartenance — ou non — d’un individu ou d’une communauté à la société du savoir.
Dans nos grandes villes, ces vitrines d’un Maroc moderne, une mosaïque de population allait refaire surface culturellement dans nos cités au lendemain de l’indépendance. Les populations rurales, attirées et troublées par l’espoir d’une vie plus facile contribuaient au fragile équilibre économique et social qui s’opérait entre la médina, cœur urbain, et ses campagnes environnantes, entraînant ainsi des troubles identitaires et culturels au sein de la population.
Désormais cette explosion démographique, telle que la construction d’immeubles et de logements, ne pourra plus suivre à ce rythme effréné, et on verra s’étendre de plus en plus, loin du centre, un nombre impressionnant de quartiers pauvres et de bidonvilles où s’entassent les ex populations rurales et divers immigrés.
De l’indépendance à aujourd’hui, l’agencement de l’économie de la culture demeure lié au projet de société qui se construit, à la conception de la culture par l’Etat, et au rapport de la société à ses artistes. Au fil des années, les acteurs privés (artistes, entrepreneurs, associatifs) ont plus ou moins pu investir l’économie de la culture, des politiques publiques « culturelles » (ou des non-politiques) ont été esquissées, et des impulsions données. Le footballeur et le chorégraphe, le peintre et le couturier, l’écrivain et le concepteur, le musicien et le rappeur sont, au même titre des créateurs. On est fini avec le préjugé scolaire qui réserve la qualité de cultivé à certains, et qui plonge les autres dans le sous groupe.
Mais malgré de nombreux blocages, un embryon d’économie nationale de la culture s’est mis en place. La mondialisation, les schémas qu’elle véhicule et ses acteurs ont influé sur son évolution. Le public, quant à lui, a, selon les périodes, redéfini ses attentes par rapport à ce marché culturel, dont l’accès lui est rendu ponctuellement accessible «star académie» (quand on le veut bien), une consommation, pas toujours encouragée mais qui fait des émules.
En effet la dégradation ou la disparition d’un bien culturel et naturel constitue un appauvrissement néfaste du patrimoine à l’échelon national. C’est pour cela qu’il est recommandé d’ imposer l’équité dans la diffusion culturelle des masses, accaparée et orientée jusqu’ici par la télévision, pour en donner une saveur plus raffinée et plus évolutive, transcendant même l’insuffisance des ressources économiques, scientifiques et techniques du pays .Les liens donc entre culture et savoir sont multiples et complexes. Traiter l’information pour en faire un savoir est un acte de création tout comme l’usage qui est fait de ce savoir.