Technologie
Le numérique, une nouvelle révolution industrielle en marche
Dont il faut repenser la formation pour être à l'heure de la transition
L’innovation numérique est une opportunité pour les pouvoirs publics, les entreprises, les citoyens transformant les rapports qu’ils entretiennent entre eux. Les nouveaux outils numériques bouleversent les relations institutionnelles et le fonctionnement de la société, au bénéfice du « pouvoir d’agir » de chacun, de sa capacité à participer et à contribuer à la décision et à la production. Les exemples sont nombreux, de l’utilisation des réseaux sociaux dans l’émergence de mouvements démocratiques à la mise en commun des ressources dans les domaines du logement ou de la mobilité, en passant par l’association des citoyens à la décision publique sur un budget municipal ou un projet de loi.
Nous vivons une phase de mutation accélérée d’une économie des ressources rares, centralisée, vers une économie de l’abondance, décentralisée, connectée, basée sur les données et leur circulation. Pour la Maroc, l’enjeu est de préparer cet avenir pour accompagner cette innovation et le développement de nouveaux modèles : couverture du territoire en téléphonie mobile et en très haut débit fixe, infrastructures pour l’exploitation des données publiques et privées, libération accrue de l’accès aux connaissances, accompagnement des personnes numériquement démunies. En plus des destructions éventuelles de postes et de métiers, l’OCDE estime que 32% des emplois actuels sont susceptibles d’être « profondément transformés« .
Pour autant, le rôle de l’État reste avant tout celui d’un catalyseur. La valorisation des écosystèmes de jeunes entreprises du numérique, à chaque stade de croissance, au niveau national ou mondial, est une priorité. Toutefois, les entreprises ne sont pas toutes des start-up naturellement plongées dans cet univers numérique, et il faut pouvoir les aider. À l’ère du numérique, les entreprises qui en sont exclues ne peuvent faire face à la compétitivité du marché. Là encore, le rôle de l’État est aussi sur le terrain, à travers des correspondants locaux, pour sensibiliser et accompagner ces entreprises dans l’appropriation des nouveaux outils numériques.
Une révolution industrielle est en marche, mais elle ne sera possible que si chaque citoyen en est acteur. La couverture en internet fixe et mobile du territoire est nécessaire pour que chacun bénéficie des potentialités grandissantes du numérique. Non seulement parce que les besoins en capacité réseau et en fréquences augmentent, mais aussi et surtout parce que trop de citoyens sont coupés de la transition numérique mondiale. C’est aussi par la formation au numérique que cette transition sera possible, comme en témoigne la demande grandissante de nouvelles compétences. Les entrepreneurs peuvent en attester : il leur est difficile de recruter. Pour créer ces emplois dans des nouveaux secteurs d’activités liés au numérique, il faut repenser les formations.
Le numérique va vite. Il n’est pas possible de faire marche arrière et de le stopper. Le numérique doit relever de grands défis comme réduire la fracture sociale et économique, et le chômage. Mais comment le pourrait-il si son accès est limité aux plus favorisés ? La connexion à internet deviendra naturellement un droit. L’État doit être aux côtés des citoyens les moins connectés et les moins aptes à utiliser ces technologies, là encore pour les accompagner.