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Amensouss, techniques d’irrigation à Sebt El Guerdane

L’exploitation d’eau au beau fixe

Le projet d’adduction d’eau d’irrigation de Sebt El Guerdane reste un exemple type, de surcroît réussi, il est communément appelé les partenariats public, privé (PPP). Cette démarche est le plus souvent utilisée pour la réalisation de grands ouvrages
d’infrastructures, se basant sur un mécanisme de concession exploitation appelé Build-operate-transfer (BOT). C’est à la fin des années 90 que les exploitants du périmètre d’El Guerdane ont commencé à sonner l’alarme sur la baisse inquiétante de la nappe phréatique qui permettait d’irriguer quelque 10.000 ha d’agrumes auparavant dans cette zone. En ce temps là, certains opérateurs privés, dont des étrangers comme le groupe Suez, avaient suggéré aux pouvoirs publics la solution qui consistait à construire une gigantesque conduite pour acheminer l’eau du barrage d’Aoulouz situé à 90 km de la région en pénurie… Et pour atteindre le but, il a fallu depuis 2004 qu’un groupement fut désigné, suite à un appel d’offres pour la réalisation de l’ouvrage dont les premiers travaux allaient débuter fin 2006. En octobre 2009, le projet est officiellement inauguré. Le périmètre El Guerdane est situé au sud-ouest du Royaume, dans la plaine du Souss, à une cinquantaine de kilomètres de la ville d’Agadir.

La concession au privé du projet d’irrigation «El Guerdane» constitue une première mondiale. Lors de l’appel d’offres, des groupements 100% marocains se sont fait concurrence pour un projet d’une telle envergure, aussi bien sur le plan financier que sur le plan technologique.
Le projet de Partenariat public-privé (PPP) d’El Guerdane consolide la politique tracée par Sa Majesté le Roi, que Dieu l’assiste, dans le cadre du « Plan Maroc Vert » relative au développement de projets PPP (terres agricoles, projets d’irrigation).
Le périmètre d’El Guerdane qui couvre 14.000 ha environ, est situé dans la plaine du Souss, entre la ville de Taroudant à l’Est et le centre Ouled Teima à l’Ouest. Une superficie de 10.000 ha de ce périmètre est plantée en agrumes.
Cette plaine a connu un développement agricole prodigieux, orienté principalement vers les cultures d’exportation (agrumes, maraîchage) grâce aux conditions climatiques favorables de la zone et au dynamisme du secteur privé.
Le secteur agrumicole du Souss produit 50 à 60 % de la production nationale agrumicole et intervient pour plus de 50% des exportations
d’agrumes du Maroc.
Le développement agricole dans la région du Souss-Massa s’est fait en grande partie par l’extension d’exploitations modernes irriguées par pompages individuels dans la nappe (70% des superficies irriguées de la région sont alimentées par des eaux souterraines).
C’est ainsi que depuis une vingtaine d’années déjà, les prélèvements en eau d’irrigation dépassent de loin les possibilités de renouvellement de la nappe du Souss.
Cette situation, devenue alarmante, s’est traduite par un rabattement de la nappe de l’ordre de 2 à 3 m par an, ce qui a conduit au dessèchement et contraint de nombreux agriculteurs à abandonner leurs exploitations (1.066 ha) ou à dessoucher leurs plantations d’agrumes (1.913 ha), n’étant plus en mesure de faire face aux coûts de surcreusement des puits et/ou de creusement de nouveaux forages et aux charges d’exploitation.
Le projet de sauvegarde de la zone agricole d’El Guerdane, qui consiste en fait, en un transfert d’eau, et qui n’a pu être réalisé ni dans le cadre du montage classique, tel que défini par le dahir 1-69-25 formant Code des Investissements Agricoles, faute de ressources budgétaires suffisantes, ni avec les agriculteurs organisés au sein de l’association des usagers des eaux agricoles
(AUEA) «Al Mostaqbal» pour cause d’insolvabilité d’un certain nombre d’agriculteurs qui ne pouvaient accéder au crédit pour le financement de leur contribution au projet, a finalement trouvé concrétisation dans le cadre du Partenariat Public-Privé avec la Société Amensouss grâce à l’intervention du Fonds Hassan II pour le développement économique et social qui a pris en charge le financement de la contribution publique à ce projet.

RESSOURCES EN EAU
Le complexe hydraulique Aoulouz-Mohamed Mokhtar Soussi qui permet de régulariser annuellement près de 180 millions de m3 permettra d’allouer une dotation annuelle de 45 millions de m3 d’eau à la zone d’El Guerdane selon les conditions du plan directeur de l’aménagement intégré des ressources en eau (PDAIRE) du Souss Massa. L’utilisation de cette dotation par les agriculteurs du périmètre nécessite la réalisation d’importantes infrastructures d’irrigation dont le coût est de 987 millions de dirhams: un adducteur principal de 90 km et un réseau de distribution de l’eau d’irrigation à l’intérieur du périmètre de 300 km environ.

MONTAGE FINANCIER DU PROJET
La réalisation du projet est prévue pour un total de 987 Mdh selon la répartition suivante : subvention de l’Etat de 237,5 MDh à travers le Fonds Hassan II, 432 Mdh de fonds propres par un partenaire privé, 237,5 Mdh d’Amensouss sous forme de prêt concessionnel du Fonds Hassan II à 1% d’intérêt, remboursable sur 10 ans avec un différé de 20 ans, 80 MDh des agriculteurs (droits de souscription et de raccordement : 8.000 Dh/ha)

CHOIX DU PARTENAIRE PRIVE
Le délégataire a été désigné en juillet 2004 par voie d’appel d’offres international lancé en janvier 2004. Le groupement retenu a présenté l’offre la plus avantageuse correspondant à un prix de l’eau aux usagers de 1,48 Dh/m3 hors TVA. Ce groupement a crée une société de projet dénommée « Amensouss S.A » qui a la charge de réaliser et de gérer les infrastructures d’irrigation du périmètre pendant une période de 30 ans.

CADRE INSTITUTIONNEL ET CONTRACTUEL
La convention de financement de la contribution publique à ce projet a été signée le 04 février 2005 à Zagora sous la présidence effective de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, entre le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritimes (autorité délégante), le Fonds Hassan II pour le développement économique et social et la société Amensouss S.A. (délégataire).
La réalisation des travaux relatifs au projet a nécessité deux ans et demi (février 2007 à juin 2009). Les travaux ont démarré dès que le seuil de 80% de souscription au projet, exigé par la convention de la gestion déléguée, a été atteint. Les demandes de souscription au projet dépassent actuellement la superficie totale du projet. En conséquence, Amensouss a établi une liste d’attente. Elle comprend à ce jour plus de 240 producteurs, soit plus de 3.500 ha.
La souscription est conditionnée par l’équipement de l’exploitation en irrigation localisée, conforment aux termes de la convention de la gestion déléguée.

CONCLUSION
La démarche du projet PPP El Guerdane confirme plusieurs avantages : pour l’Etat, elle permet d’économiser des ressources financières (qui peuvent être orientées vers d’autres activités); pour l’économie nationale, elle permet de bénéficier des retombées des investissements tant nationaux qu’internationaux (avec leur impact positif sur l’emploi et l’amélioration de la productivité); pour l’usager, elle permet l’accès à un service de meilleure qualité et s’inscrit dans la durabilité.

Abou Achraf

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