Plaidoyer pour de nouvelles zones industrielles
Parler de la Chambre de commerce et d’industrie d’Agadir, c’est couvrir un ensemble d’activités et de perspectives sur le chemin d’une grande mutation que connaît la région. L’interpellation de son président M.Said Dor, animé d’une vision prospective, a été concis dans ses interventions mais d’une réflexion incontournable dans la gestion d’une institution qui a du pain sur la planche. Entretien.
Energie et Mines : Quel rôle joue la Chambres de commerce dans la région d’Agadir?
M. Said Dor : Comme vous savez, les Chambres de commerce jouent un rôle primordial dans les régions où elles s’activent, et leurs objectifs ne se limitent pas à la représentation des secteurs professionnels,
mais aussi à l’animation économique, la promotion des investissements et des exportations, et l’encadrement des ressortissants marocains à l’étranger. Pour les trois secteurs, nous représentons six provinces, qui constituent les grosses parties du Souss-Massa-Draâ, en superficie, population, et en PIB généré.
Quelles sont les principales contraintes qui entravent le bon fonctionnement de votre institution ? Et quelle politique adoptiez-vous contre l’étroitesse de l’assiette foncière ?
Malgré plusieurs contraintes de gestion, la Chambre de commerce d’Agadir, en tant qu’institution constitutionnelle, s’est inscrite dans une dynamique citoyenne, pour être présente dans tous les volets de la vie économique de la région, en tant que représentant légal des différentes filières, et en tant que partenaire avec une force de proposition.
Concernant le problème de gestion de l’espace, nous constatons un manque de terrains disponibles pour satisfaire toutes les demandes des investisseurs. Nous travaillons avec des établissements comme A Omrane, pour essayer de trouver des montages adéquats à l’établissement de nouvelles zones industrielles, et je rappelle pour l’histoire que les premières zones industrielles, celles de Tasila et de Aît Melloul ont été préalablement initiées par la Chambre de commerce, puis gérer par Al Omrane après le co-financement des établissements publics. Cette expérience a, hélas..! généré quelques cas d’échec avec des terrains non valorisés, et qui sont restés bloquer sous l’effet de la spéculation.
Mais nous travaillons actuellement sur le projet de la zone industrielle de Sidi Bibi dans la province de Chtouka Ait Baha, et le parc Haliopolis dans la zone de Drarga.
Nous faisons tout en concertations, pour verrouiller et ficeler tous les aspects techniques des cahiers des charges pour barrer la route aux spéculateurs afin d’arriver au compromis avec les aménageurs dans la détermination du prix des terrains, qui reste un facteur essentiel dans les décisions des industriels pour investir. Aussi nous agissons sur la phase de la gestion de la zone industrielle, avec tout ce que cela peut poser comme problème de logistique, de pollution et perturbation des flux, si les précautions et les principes du zoning ne seraient pas mis en place dès le début.
Quelles sont à votre avis les solutions adéquates pour booster et réanimer les zones de commerce désertée par les clients ? Et qu’est-ce que peut apporter le programme Rawaj comme solution ?
Le programme Rawj peut seulement aider certains commerçants à moderniser leurs équipements et être mieux lotis dans l’exercice de leurs métiers. Ça ne va pas résoudre les problèmes des zones de commerce, comme Talborjt, qui souffrent actuellement du manque d’attractivité et d’animation commerciale. Cependant nous sommes en train de lancer une étude sérieuse avec la région, et avec nos amis des Iles Canaries, par l’intermédiaire d’une aide de l’Union européenne, qui va porter sur le commerce régional de manière à en avoir une cartographie. Et je voudrais signaler que nous avons demandé de mettre en exergue le commerce dans le cadre de la nouvelle étude sur la stratégie de développement économique de la région, qui sera effectuée par le bureau de conseil McKenzi, puisque cette activité représente à elle seule pas moins du tiers du produit local de la région.
Aussi avec l’installation des grandes surfaces, qui est un phénomène nouveau dans le commerce, il ne faudra surtout pas oublier ou ignorer les petits commerces, ou les souks de villages qui représentent un
lieu d’échange économique, culturel, religieux et politique pour les populations de ces zones rurales. Il faut créer une nouvelle dynamique pour ces souks, et leur donner la vraie valeur et place qu’ils méritent avec les ingrédients modernes, et les faire sortir de leur léthargie.
Comment voyez-vous l’opportunité de l’ouverture de l’autoroute Marrakech-Agadir ?
La mise en service de l’autoroute nous interpelle tous, c’est un grand projet réalisé grâce aux Directives royales, et s’inscrit dans les grands chantiers du gouvernement de SM le Roi. Il constitue réellement un levier de développement social et économique de toute la région. Il est donc indispensable de se pencher tous autour des défis qui nous attendent pour tirer la région vers la place qu’elle mérite, celle d’un hub économique et touristique.
Le Conseil de gouvernement vient d’adopter les nouveaux textes de loi réglementant les Chambres de commerce, comment jugez-vous cette opportunité?
C’est une bonne nouvelle dans la sorte où ces nouveaux dispositifs repositionnent le rôle des Chambres de commerce pour mieux assurer leurs missions.
Les Chambres de commerce sont à la veille d’une révolution, et j’espère que cette loi soit adoptée et appliquée, et que les industriels, les commerçant et les prestataires de services puissent participer à ces institutions, pour que cette réforme trouve traduction dans l’exercice de la fonction de l’élu représentant son secteur.
Entretien Réalisé par
Mohamed Moudarir
Mission des Iles Canaries à Agadir
Dans le cadre de la mise en oeuvre du projet de coopération transfrontalière liant la région du Souss-Massa-Drâa à la région des Iles Canaries, une mission de présentation des programmes de coopération, validés par l’UE, a eu lieu le 21 avril 2010 à Agadir, sous la présidence des MM le wali sur la région d’Agadir Massa-Draâ, le vice-président du Gouvernement des Iles Canaries, et le président de la région du Souss-Massa-Drâa.
La Délégation du commerce et d’industrie a été associée au programme ADECOT pour la dynamisation du secteur du commerce des loisirs et du tourisme, introduisant dans sa globalité les termes de l’étude du concept du schéma directeur de développement des secteurs de commerce, avec des orientations sur les secteurs du tourisme et loisirs, compte tenu de la particularité de la Région d’Agadir.
Session ordinaire de la CCIS à Taroudant
La Chambre de commerce, d’industrie et des services d’Agadir a tenu, jeudi 24 juin à Taroudant, une session ordinaire. L’ordre du jour portait sur les retombées socio-économiques de l’autoroute Marrakech-Agadir.
Le président de la Chambre de commerce, M. Said Dor, avait souligné à l’occasion l’importance de l’autoroute pour le développement des secteurs de l’agriculture, de la pêche et du tourisme, mais aussi le désenclavement de la région sur le plan socio-économique, et l’encouragement des investissements étrangers et nationaux. Par ailleurs, le gouverneur de Taroudant, M. Abdellah Bendhiba, a insisté sur le rôle que représentent les moyens de communication pour la dynamique commerciale des villes. Il a noté le besoin de développer encore les infrastructures sur tous les plans notamment la transformation du tronçon de la route liant l’échangeur de l’autoroute au niveau d’Ameskroude et Taroudant en une voie rapide, vu l’importance que représente la province de Taroudant sur le plan agricole et touristique. De son côté, le président du Conseil communal de Taroudant, M. Mustapha Almoutawakil, a signalé qu’il ne faut pas négliger les autres pôles urbains comme Taroudant, Tiznit, Sidi Ifni, Zagoura, et de relever les potentialités économiques de toutes les régions aux alentours de l’autoroute, pour avoir un tissu socio-économique homogène.