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Valorisation et traitement de rejets miniers

Une Thèse de Doctorat portant sur le traitement des déchets miniers a été préparée au département Mines et Minéralurgies de l’Ecole Nationale de l’Industrie Minérale par M. Yassine Darmane sous l’encadrement de M. Saïd Kitane.
Ce travail portant le titre « Valorisation et traitement de rejets miniers : Cas de la mine d’Imini et la mine de Jerada » a été soutenu publiquement le 17 juillet 2008 à la Faculté des Sciences de Kénitra devant un jury présidé par le Professeur Saïd Belcadi, directeur du Centre National pour la Recherche Scientifique et Technique.

Par Saïd KITANE (*)

Le développement socio-économique et industriel que connaît le Maroc s’est accompagné par un accroissement de la quantité de déchets solides générés essentiellement par les activités industriels et ménagères. En effet, les tonnages les plus importants sont issus essentiellement de l’industrie minière et des activités similaires (traitement de métaux, etc…). Cette évolution a eu pour conséquence la profusion et l’accentuation des effets négatifs sur l’environnement.
Afin de contribuer au processus de développement durable, de nombreux travaux portant sur le traitement des déchets ont été réalisés à l’ENIM. Ces travaux s’étaient intéressés à la fabrication des émaux colorés sans plomb, au traitement des margines issus des unités de production de l’huile d’olive, au recyclage des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) et à la valorisation des argiles et des ocres de différentes couleurs.
Le travail présenté s’est intéressé au secteur minier et plus particulièrement à la valorisation des rejets d’exploitation et ceux générés par les anciennes mines ou qui sont en cours d’exploitation: Gisement d’Imini et celui de Jerada, ce choix est justifié d’une part, par les intérêts économiques et environnementaux et d’autre part, par la disponibilité de logistiques et d’équipements nécessaires pour les opérations de préparation, de traitement et d’analyse de minerais.
Ce travail porte, en effet, sur la valorisation et le traitement de déchets miniers provenant de deux gisements de natures et de régions différentes: gisement de pyrolusite d’Imini et les terrils des charbonnages de Jerada.
Lors de cette étude, différentes techniques et procédés de traitement minéralurgique ont été utilisées.
L’hydrométallurgie est la première technique appliquée au gisement de pyrolusite (?-MnO2) provenant de la mine d’Imini (sud du Maroc) où un échantillon représentatif contenant 55% en MnO2 a été lixivié (conservé) en milieu acide chlorhydrique 6,36M. Cette opération s’est déroulée à une température de 70°C avec un rapport solide/liquide de 90g/l et un temps de contact d’une heure. Ces conditions ont permis d’atteindre un taux de lixiviation de 98% en Mn(II). La solution est conditionnée à un pH 5 avant d’ajouter l’hypochlorite de sodium qui oxyde le Mn(II) en différentes phases d’oxydes (Mn2O3, MnO2). Ces oxydes ont subi une dismutation par l’acide nitrique pour aboutir enfin à la variété ?-MnO2, nH2O avec une pureté de 97%.
Par ailleurs, les terrils abandonnés de l’ancienne mine de charbon de Jerada ont fortement évolué, en particulier la pyrite contenue s’est oxydée. Dans certains côtés, il ne reste que des oxydes de fer qui se concentrent dans les fines particules du terril. Les opérations suivantes de traitement des minerais : criblage, élutriation et flottation ont permis d’obtenir un produit marchand qui titre 35% en oxyde de fer ( Fe2O3) utilisable en peinture, émaillage et bio-construction.
Cette valorisation permet à la fois de répondre à des besoins locaux, de relancer une activité économique et de traiter un déchet minier.

EN PRATIQUE
Les résultats de ces travaux de recherche appliquée ont fait l’objet d’un article publié sur « Hydrometallurgy » n° 92 – 2008, pages 73 à 78 « Science direct » et ont fait l’objet d’un projet incubé au centre d’incubation et d’accueil d’entreprises innovante de l’ENIM financé par le réseau marocain d’incubation et d’essaimage (RMIE).
Les deux mines étudiées dans ce travail ont été les axes de deux projets. La première partie concernant la mine d’Imini ou la mine d’oxyde de manganèse a été réalisée suite à une convention signée entre l’ENIM et la Société Anonyme Chérifienne des Etudes Minières (SACEM).
La deuxième partie a été réalisée dans le cadre des projets incubés au sein de l’ENIM et portant sur la valorisation des déchets de charbonnage.

(*) Professeur à l’ENIM

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