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De la destruction morphologique des plages

Le littoral du Maroc présente une longueur de 3500km et constitue la zone de concentration des activités économiques et sociales. Il joue un rôle déterminant dans le développement
économique et social du pays. Toutefois, à cause des interventions de l’homme et des changements climatiques qui en découlent, les côtes subissent des dégâts irréversibles sur le plan environnemental, Les conséquences potentielles de ces phénomènes peuvent être considérables et se traduiront par l’instabilité du littoral, la disparition progressive des écosystèmes et par le lègue aux générations futures d’un héritage environnemental détérioré et non porteur de richesses et d’emplois.
La vulnérabilité du littoral est due à l’urbanisation anarchique et à l’exploitation inappropriée des sables de dunes et des plages. La régression des plages est une des conséquences des aménagements perturbateurs du transit littoral des matériaux tels que les barrages qui sont à l’origine de la réduction de l’alimentation des plages en sable.
Les prélèvements de sable sur les plages et les dunes ont modifié nettement la morphologie du rivage.
Les besoins croissants en sable pour la construction ont poussé le développement d’une extraction incontrôlée et sauvage de ce matériau. Ces actions destructives sont à l’origine de la disparition de plages et l’avancée des mers par rapport au continent et qui se traduisent d’ores et déjà par la création de lagunes et de crevasses artificielles.
Donc en dehors de toute analyse, il convient de relever que le sable reste une matière particulière, tant elle peut être considérée, au regard des choix de politique économiques de promotion du BTP et du tourisme, comme la matière motrice du développement du Maroc.
La question de la pérennité de cette ressource se pose avec d’autant plus d’acuité que les littoraux marocains sont littéralement ravagés au mépris de toutes les lois et de toutes les circulaires. Il est en effet regrettable que les autorités locales, notamment les communes, ferment leurs yeux sur le manque de respect par les adjudicataires de lots d’exploitations de sable littoral. Soumissionnant pour exploiter quelques dizaines de milliers de mètres cube, ils procèdent, en toute impunité, à l’exploitation de plusieurs centaines de milliers de mètres cube, mettant à mal le cordon dunaire en littoral, pourtant essentiel pour la préservation des zones situées en arrière-pays et protégeant les exploitations agricoles de la salinisation.

Exploitations sauvages
Par ailleurs, les chantiers et projets de développement nationaux requièrent des quantités importantes
et croissantes de ce matériau. Pour parler chiffres, le Maroc du bâtiment a besoin de plus de 20 millions de m3 de sable annuellement et ce besoin croitra encore plus avec les nouveaux programmes sociaux lancés depuis 2010. Ceci donne une idée précise des volumes de ce matériau qui risquent d’être prélevés en partie de nos plages. Les projections des besoins de sable s’échelonnent, à l’horizon de 2015 à environ 30 millions de mètres cube, alors même qu’ils atteignent, aujourd’hui les 20 millions de mètres cube.
Selon les chiffres officiels, qui datent de 2009, l’offre de sable légale s’élève à environ 11 millions de m3. Les alternatives existent comme le sable de concassage et de dragage qui demeurent en effet des substitutifs. Le premier est extrait soit de roches massives concassées, soit de zones alluvionnaires (grands oueds). 1 380 carrières ont été recensées, mais seulement une centaine est réellement opérationnelle.
Quant au dragage, il consiste à prélever des matériaux du fond de la mer ou des embouchures de rivières sur des gisements avérés et autorisés. Dans les deux cas, le sable est traité pour répondre aux normes de qualité en vigueur. Ceci contraste avec le manque de traçabilité de la filière « sable des dunes ». Il s’agit d’un argument de poids dans un contexte du développement urbain en cours de notre pays et qui exige une mise à niveau intégrale des professionnels BTP, notamment avec le choix de matériaux de qualité.
Hassan Jaï, président de l’Association des Professionnels du Sable, rappelle par ailleurs, qu’au-delà, du soulagement que cela représente pour les zones littorales, le sable de concassage et de dragage « représente une ressource « disponible, techniquement bonne et abordable». En effet, l’équilibre économique des professionnels du sable a pu être préservé malgré la concurrence déloyale des exploitants du sable dunaire, qui par ailleurs, sous-déclarent leurs prélèvements et ne contribuent pas au titre de la T.V.A.
Egalement, très peu de ses carrières pesent leurs chargement et délivrent une facture à leurs clients malgès la circulaire de Juin dernier et le code de la route qui les y obligent.
Les caractéristiques techniques sont reconnues par les professionnels (Le sable de concassage bénéficie, à ce titre de propriétés de granulométrie optimale, autour de 0/5 mm, permettant la conception d’un béton de qualité et le mélange avec le sable de dragage permet d’obtenir un sable plus propre et un béton plus maniable).
Malgré des prix marché identiques (entre 150 et 220 DH le m3), les capacités de production du sable de dragage et de concassage sont encore loin d’atteindre celles du secteur informel. Pourtant, les industriels n’attendent que le signal pour investir et ainsi augmenter leur capacité de production. Ils sont soutenus, dans leurs efforts, par la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement.
Enfin, le Ministère de l’équipement travaille ces jours ci avec l’ensemble des exploitants de carrières (granulats, sables, marbres, argile….) pour l’adoption de la circulaire de la loi 08-01 qui permettrait à celle-ci d’être effective et qui induira une réglementation de l’exploitation des carrières et donnera aux autorités les moyens de contrôle et aux exploitants les moyens de se distinguer.
Rimal, société établie depuis 1997, au sein du groupe Drapor, dans la production de sable de qualité à travers la mise en place d’un processus de production normé et méthodique.
Le respect plein et entier des préconisations des études d’impact environnemental présentés auprès des commissions provinciales des carrières, bien avant une démarche officialisée de certification marquait
un engagement ferme envers des pratiques responsables.
La matérialisation en étant la certification Iso 14001 en 2007, renouvelée en 2010, pour ses sites de
Azemmour et de Mehdia.
Elle est la seule à opérer actuellement dans le sable de dragage, Rimal, filiale de Drapor privatisée en 2007. Rimal produit 1 million de m3 de sable par an et pourrait produire 4 millions de m3 rapidement si d’autres autorisations étaient octroyés et la concurrence loyale avec les sables de dunes assurée, selon Hassan Jai, président du directoire. Conformément à la convention d’investissement passée avec l’Etat, en juillet 2008, cette société a investi 300 MDH dans les infrastructures, et s’est engagé dans une démarche exemplaire, avec une meilleure maîtrise des processus de production, et une optimisation des flux des camions et des matières. La société dispose aujourd’hui de 3 plateformes : Azemmour, Mehdia et Larache.

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