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L’industrie manufacturière, véritable levier de l’emploi

Il faut permettre au secteur de rester compétitif sur le plan international

Les économistes d’OCP Policy Center s’inquiètent d’une désindustrialisation prématurée du Maroc et soulignent la nécessité de politiques permettant au secteur manufacturier de rester compétitif sur le plan international, pour que l’emploi dans le secteur ne diminue pas davantage.
Dans un récent policy brief d’OCP Policy Center, l’économiste marocain Abdelaaziz Aït Ali ainsi que Uri Dadush, Senior Fellow auprès de la même institution, analysent la tendance baissière de l’emploi dans le secteur industriel au Maroc. Les deux économistes avancent que ce déclin est principalement dû à l’amélioration de la productivité du travail industriel (grâce à l’automatisation, entre autres) en plus du déficit accru du commerce des produits manufacturés.

La part de l’industrie dans le PIB global à prix constants est passée de 16,3% en 2000 à 14% en 2015. A prix courants, la baisse est moindre, de 17,4% en 2000 à 16,1% en 2015.

Cette tendance est similaire à celle observée dans les pays à faible revenu. La part du secteur manufacturier dans le PIB marocain est ainsi inférieure à celle des pays à revenu moyen supérieur, où la production industrielle représente plus de 20% du PIB total.

Cependant, au Maroc comme dans de nombreux autres pays en développement, la diminution de la part de l’industrie manufacturière dans la production globale n’est pas considérée comme normale, comme c’est le cas pour les pays riches en phase de désindustrialisation.

Au contraire, les deux économistes avancent leur crainte d’une désindustrialisation prématurée; l’inquiétude que le secteur manufacturier ne permette pas au Maroc de gravir les échelons du développement, comme ce fut le cas pour les premiers pays industriels tels que la Grande-Bretagne et la France au XIXe siècle, ou certains plus récents en Asie de l’Est.

Une analyse sur la période 2007-2015 montre que la baisse relative de l’emploi manufacturier au Maroc n’est pas due à la faiblesse de la demande intérieure finale de ces produits, ni à l’évolution défavorable de la demande nette intermédiaire de produits manufacturés par d’autres secteurs de l’économie marocaine.

L’augmentation rapide de la productivité du travail dans le secteur manufacturier, en particulier dans les secteurs de la mécanique, de la métallurgie et de l’électricité, ainsi que de l’agroalimentaire, explique en grande partie la baisse de la part de l’emploi. « Cette augmentation de la productivité dans l’industrie, qui implique moins d’emplois dans le secteur, est toutefois un phénomène encourageant impossible à séparer d’un développement réussi », souligne le document.

D’une autre part, le déficit commercial croissant du Maroc dans le secteur des produits industriels a également joué un rôle important dans ce phénomène, quoique dans une moindre mesure.

« La libéralisation du commerce au Maroc, ces dernières années, a été très bénéfique pour les consommateurs et les entreprises dépendant de composants et de matières premières importés, et a contribué à attirer les investissements directs étrangers. Mais elle a également été associée à un déficit commercial grandissant avec la Chine et l’Union européenne, et a entraîné une augmentation marquée des pressions concurrentielles dans le secteur manufacturier, qui ont stimulé la croissance de la productivité », soulignent les économistes.

« Cette observation ne doit pas être interprétée comme une inculpation de l’ouverture du commerce par rapport à la faible croissance de l’emploi au Maroc. Au lieu de cela, les conditions et les politiques nationales, qui ne soutenaient pas suffisamment la compétitivité du pays, sont probablement la cause la plus importante », ajoutent-ils.

L’analyse confirme que, selon les tendances actuelles, et même avec une nette amélioration de celles-ci, le Maroc ne peut pas compter principalement sur l’industrie pour extraire la main-d’œuvre de l’agriculture, qui représente encore environ 37% du total de l’emploi, contre environ 10% dans l’industrie.

L’analyse ajoute que compte tenu de la taille modeste de l’industrie manufacturière, même un changement important dans sa balance commerciale est peu susceptible de changer de manière significative le poids du secteur sur l’emploi, dans un avenir prévisible.

Les deux économistes soulignent la nécessité de politiques permettant à l’industrie manufacturière de rester compétitive sur le plan international, pour que l’emploi dans le secteur ne diminue pas davantage.

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