La protection du secteur de l’acier au Maroc, reste une question prioritaire dans les circonstances actuelles qui entourent le secteur. Le renouvellement ou pas de ce dispositif se pose dans notre pays si respectueux du droit international et de la libre concurrence.
Le secteur de la sidérurgie est extrêmement capitalistique, plus de 15 Milliards de dirhams investis. En outre, la consommation de l’acier suit la croissance démographique et accompagne le développement du pays. Sans oublier que la rentabilité de notre activité est conditionnée par un taux d’utilisation important (>75%).
Compte tenu de ces éléments fondamentaux, le ralentissement de la consommation de l’acier au niveau mondial pousse certains acteurs à maximiser leurs taux d’utilisation, quitte à vendre en deçà du coût de revient ou à inonder un marché local en vue de réduire à néant l’industrie locale pour s’approprier pleinement le marché. C’est ce qui se joue actuellement entre pays producteurs et consommateurs par le truchement d’un protectionnisme qui fait fi au libre-échange.
Cependant, les Etats-Unis et l’Union européenne fustigent volontiers la surproduction chinoise d’acier, qui a violemment déprimé les cours mondiaux ces dernières années, et ils dénoncent les subventions publiques de Pékin au secteur. La Chine reconnaît le problème, mais pointe « ses mesures concrètes » pour s’y attaquer: elle assure avoir réduit l’an dernier de plus de 50 millions de tonnes ses capacités de production.
Face aux pressions occidentales, Pékin s’était engagé à sabrer ses capacités dans l’acier qui dépassaient 1,1 milliard de tonnes en 2016 de 150 millions de tonnes entre 2016 et 2020, objectif qui pourrait être atteint dès cette année. Ces réductions ont été renforcées dans le cadre d’une vaste campagne antipollution, tandis que parallèlement, la consommation intérieure d’acier connaissait un net sursaut. Dans ce contexte, les exportations chinoises d’acier ont chuté de 30,5% l’an dernier, à 75,4 millions de tonnes, selon les douanes chinoises. Elles ont encore plongé de 27% sur un an sur les deux premiers mois de l’année.
Devant cet encrage démesuré le Maroc s’est montré précurseur en adoptant dès 2013 des mesures de sauvegarde visant à contrecarrer des importations massives des excédants de productions étrangères. Depuis, tous les pays producteurs s’y sont mis et de manière beaucoup plus agressive. L’acier est le secteur le plus protégé au monde avec une accélération du nombre de mesures adoptées depuis 2011 (426 mesures en 2016). Par ailleurs, les mesures adoptées par le Maroc restent très modérées si nous comparons les 10% appliquées aux 30% voire 300% appliqués par l’Europe ou les Etats-Unis. Dans un marché mondial excédentaire, la question de la protection ne devrait plus faire débat au vue des pratiques communes appliquées par l’ensemble des pays partout dans le monde.
La véritable question sur laquelle nous devons nous focaliser reste celle de l’industrialisation de notre pays et la création de valeur sur notre territoire national.
Mais le contexte général n’a guère évolué, selon l’OCDE: « Certains gouvernements continuent de subventionner (…) la sidérurgie, exacerbant les déséquilibres entre offre et demande », a déploré l’organisation sans citer de pays.
La Chine est également fustigée pour ses fortes surcapacités dans l’aluminium –un métal utilisé aussi bien dans l’industrie automobile et aéronautique que pour les canettes de sodas. Le géant asiatique produit plus de la moitié de l’offre mondiale.Pékin a certes enjoint les fonderies de 28 grandes villes du nord du pays de réduire de 30% leur production d’aluminium entre novembre et mars, dans un souci de réduire la pollution atmosphérique hivernale. Mais d’autres nouveaux sites de production continuent d’ouvrir à travers la Chine, gonflant encore davantage les capacités déjà largement excédentaires du pays.Les exportations d’aluminium de la Chine pour les deux mois de janvier-février ont bondi de 26% sur un an, à 817.000 tonnes, selon les douanes chinoises.