L’industrie de fabrication des bonbonnes de gaz traverse une période où la concurrence prend force et l’exploitation risque de se consumer. C’est une ’industrie qui au Maroc compte cinq unités de fabrication, et emploie quelque 1.500 personnes dont une partie de sa production est destinée à l’export. Aujourd’hui, l’activité est menacée par les importations en provenance de Turquie, avec laquelle le Royaume a signé un accord de libre-échange en 2006. Ce tournant, pousse les opérateurs à faire alerter les pouvoirs publics sur les risques pour le marché local. Surtout que certaines entreprises feignent prendre attache avec le fabriquant turc, qui s’assigne à faire tester son emprise sur le terrain à travers une opération avant coureur. Pour certains industriels, les importations de bouteilles constituerait une menace pour le marché et ouvrirait même la porte aux bouteilles de gaz en provenance du continent asiatique.
Cela se traduirait par une «concurrence sur le prix», et un goulet d’étranglement qui pourrait remettre en cause le modèle économique de l’industrie locale. Actuellement le tarif de la bouteille de 12 kg varie entre 280 et 300 DH. Les industriels craignent certes pour leur business, mais aussi par rapport à la sécurité et comptent saisir les ministères de l’Industrie et de l’Energie.
«Nous sommes face à deux risques: la fragilisation de l’industrie locale et la sécurité. Nous avons connu des problèmes avec les chauffe-eau importés de Chine par exemple. Nous ne voulons pas qu’un tel scénario se reproduise avec les bouteilles de gaz», poursuit un industriel.
La mise en circulation de bouteilles de gaz obéit à une réglementation stricte. Elle n’est autorisée qu’une fois les tests de sécurité accomplis et le produit jugé conforme aux normes. Le marché compte aujourd’hui près de 35 millions de bouteilles de gaz. Le butane est décliné sous forme de bouteilles de 3, 6 ou 12 kg. Il est consommé par les ménages (le tiers) et divers secteurs d’activité, en particulier l’agriculture pour le pompage d’eau et le chauffage. Ce qui se confirme par l’exonération de la TVA dans des secteurs comme les pompes solaires dont le projet de Loi de Finances les propulse comme substitutif au butane dans l’agriculture. Un allégement de la compensation qui frôle les 20% d’augmentation depuis fin septembre dernier, s’élevant ainsi à 8,6 milliards de DH.