Tout se joue sur le terrain Samir, cette raffinerie qui a fait écouler beaucoup d’encre, tout en ratant dès sa vocation industrielle. Sa liquidation aujourd’hui risque d’être étendue aux dirigeants, aux administrateurs, aux filiales et sociétés dans lesquelles le raffineur détient des participations entre autres Salam Gaz. C’est une affaire à plusieurs angles d’attaque qui se joue au tribunal de commerce de Casablanca. Les avocats du PDG, Mohammed Houssine El Amoudi, ont plaidé de nouveau, et pas loin du 17 du mois, la cause de leur client. En principe, les plaideurs remettront lundi 22 octobre leurs dernières observations à la justice. C’est le syndic judiciaire, Mohammed El Krimi, qui a initié la procédure. Une telle approche déterminera les fautes de gestion ayant encouru les pertes de fonds.
Les prêts à court terme pour financer des investissements de l’entreprise sont donnés comme exemple. Le syndic judiciaire exige l’application de sanctions patrimoniales au directeur général, Jamal Mohammed Baâmer, au PDG, Mohammed Houssine El Amoudi et aux autres membres du conseil d’administration comme George Salem et Mohamed Hassan Bensaleh, PDG du groupe Holmarcom. Chargé de superviser la liquidation de la Samir, le juge-commissaire a adopté la même position. Il fait à son tour un listing des cinq manquements au code de commerce, tout en réclamant l’extension de la liquidation au patrimoine personnel du management. Lequel est accusé «d’avoir disposé des biens de la société comme des siens propres» et «d’avoir fait des biens et crédits de la société un usage contraire à l’intérêt de celle-ci». Le juge commissaire se base notamment sur l’article 706 du Code de commerce soulignant la faute de gestion. Et pas seulement, il étend aussi la liquidation aux autres sociétés du groupe Samir pour «confusion de patrimoine». Une sortie que la défense du PDG rejette en bloc soutenant que la Société de distribution de carburants et de combustibles (SDDD), entre autres, fait état «d’une simple opération commerciale» dans ses relations avec Samir: «Il n’y a pas de confusion de patrimoine dans la mesure où il s’agit d’un achat de fuel intervenu en 2014 pour 9,2 millions de DH». La société assure «n’avoir profité en fin de compte d’aucune réduction de prix». Et cette traîne de fil engage également Salam Gaz, qui ne voit pas de lien patrimonial avec Samir. Si Samir «s’était engagé fin 2014 à l’approvisionner» pour un montant de 400 millions de DH, en effet le fournisseur n’a livré que 345,2 millions de DH de marchandise, selon Salam Gaz.
Sur le front social, et en raison de la gestion défectueuse qu’a connu la raffinerie, entraînant son arrêt quasi définitif, le personnel de l’entreprise ne cesse de porter à haute voix sa condition socio professionnelle teintée de déchéance en vue de faire sensation. Organisé en association pour se prévaloir son droit, le numéro un de l’association Mohammed Benmoussa, évoque dans un communiqué, publié par le site «Bladi», le caractère indispensable du maintien de cette raffinerie dans l’économie nationale, puisqu’elle permet de garantir la sécurité énergétique du pays. Et de lui fournir également les besoins pétroliers nationaux, ce qui lui confère un rôle stratégique.