Economie

Cannabis, une icône dans le commerce parallèle

Il est adulé en renchéri par la jeunesse

La culture du tabac au Maroc est séculaire, les historiens l’attribuent au XVe siècle dans la région de « Ketama », une région réputée pour la culture du Kif. Mais au début du XXe siècle, particulièrement à partir de 1912, le pays allait connaître la présence de deux puissances protectrices sur son territoire. Deux zones donc, l’une sous administration française et l’autre sous tutelle espagnole. Pour sa part, l’Espagne qui administrait la partie nord du pays, autorisait certaines tribus à cultiver le cannabis. Dont la création du « Conseil marocain des kifs et du tabac, en 1906 », aurait établi une multinationale française ayant siégé à Tanger, où cannabis, tabac et kif faisaient usage. Profondément transformés et fabriqués dans une usine à Casablanca qui allait devenir Régie des tabacs par la suite. C’est en 1926 que les Français décidèrent d’autoriser la culture du cannabis au nord de la ville de Fès. Une production contrôlée par la Régie. Or, le cannabis cultivé dans les régions montagneuses du Rif, situées dans la zone espagnole, échappait au contrôle de la Régie. Et ce n’est qu’en 1956 que l’interdiction a été étendue sur l’ensemble du pays, y compris l’ancienne zone espagnole. Autorisant ainsi sa culture dans un périmètre restreint, situé exclusivement autour du village d’Azilal, au pied du Mont Tiddighine (Province de Al Hoceima). Et c’est en 1970, que la culture de cannabis allait faire mention d’une superficie à près de 10 000 hectares. A l’heure où la demande du marché européen commençait à faire sentir ses besoins. Depuis, les paysans ont commencé à augmenter progressivement les surfaces cultivées pour atteindre les 134 000 hectares(chiffre fourni par l’enquête ONUDC en 2003).
Pour les paysans du Nord marocain, possédant peu de terres, et ne recevant pas d’aides de l’État,et sans accès au crédit et subissant la concurrence d’une agriculture modernisée et des importations de produits alimentaires externes s’imposent comme combat inégal. La culture du cannabis devint alors attrayante, d’autant plus que la demande en cannabis des marchés européens ne cessait d’augmenter. Une fenêtre qui allait permettre au commerce parallèle un développement rapide. Adulé par une demande occidentale majoritairement juvénile qui trouvait dans la consommation du cannabis une lueur de liberté contre une société de consommation libertaire. Se comportant en révolutionnaires aux cheveux longs et salopettes cette jeunesse trouvait dans le cannabis, transformé en « juin », une fuite en avant contre l’ordre politique établi.

Cette extension de l’effet cannabis sur l’environnement occidental, premier consommateur, allait permettre aux trafiquants de développer leur méthode de vente intercontinentale. Gardant dans le rétroviseur les consommateurs, allant de l’Europe aux Amériques, et dans une certaine mesure, le reste du monde en développement dont la jeunesse sévit sous le poids du chômage et de l’aliénation. Sachant que la consommation et la production de cannabis dans le monde représente plus de 2 kilos par seconde (compteur), ce qui en fait la drogue la plus populaire du monde avec 13 à 66 000 tonnes de cannabis, selon les diverses estimations. En 2014, 3,8 % de la population mondiale ont consommé du cannabis, une proportion stable depuis 1998.

 

 

 

 

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