Energie
Premières Assises nationales, et après…
Le premières Assises de l’énergie tenues en mars dernier à Rabat, sous le thème «Ensemble, maîtrisons notre avenir énergétique», visaient à partager avec un large public de professionnels et d’usagers la nouvelle stratégie énergétique. Laquelle stratégie s’appuyerait sur une panoplie de mesures dont l’objectif est d’ «assurer la sécurité d’approvisionnement énergétique au meilleur coût, tout en réduisant la dépendance nationale en énergie».
Basée sur deux volets essentiels dont le premier est l’électricité où «Il s’agirait d’établir un équilibre réel entre l’offre et la demande pour ce type d’énergie » puisqu’en l’absence d’une réaction, « la consommation électrique pourrait facilement quadrupler d’ici 2030!», affirmait d’ailleurs la ministre à ce sujet. Voilà pourquoi une grande part du programme a été réservée à la promotion des énergies renouvelables qui représentent près de 18% de la production électrique.
Le second volet de ladite stratégie vise le renforcement de l’efficacité énergétique. Une méthode «conséquente» pour le Maroc puisqu’elle devra permettre des économies d’énergie de l’ordre de 14% en 2020, voire de 20% en 2030.
C’est dans ce sens que la systématisation des diagnostics et audits énergétiques au niveau de l’industrie sera renforcée et l’on procéderait au rajeunissement du parc automobile avec des véhicules moins énergétivores et les transports collectifs seront modernisés, selon Mme Benkhadra.
Juridiquement l’on devrait s’attendre à u, d’ailleurs, plusieurs propositions de loi sur la consommation énergétique sont actuellement en gestation au niveau du gouvernement.
La nouvelle stratégie a aussi pou but de réduire la part des produits pétroliers dans le bilan énergétique national. Cette dernière devrait, à travers une politique de diversification des ressources, être sensiblement réduite, pour passer de 60% actuellement à seulement 40% en 2030, 20% en vingt ans, en moyenne d e 1% par an ! N’est-ce pas peu ? Puisque l’objectif de cette action est
« d’amorcer une plus grande indépendance pétrolière via une intensification de la recherche d’hydrocarbures et la valorisation des schistes bitumineux par pyrolyse», précisait la ministre.
Pauvre en ressources énergétiques, le Maroc importe actuellement près de 97% de ses approvisionnements. Cas qui n’est pas sans incidence ni impact sur la balance commerciale du pays, dont la facture énergétique est assez lourde (près de 71 milliards de DH en 2008) et qui alourdie, par conséquent le budget national puisqu’avec le régime de compensation, le soutien aux charges pétrolières a été estimé à 23 milliards de DH en 2008.
Le débat avait notamment porté sur la diversification des ressources de production et des matières premières. L’une des dispositions de la nouvelle stratégie énergétique, Le Charbon en est le héros, en raison de la compétitivité de son prix et de son abondance. Du coup, l’optimisation des ressources en gaz disponible reste la seconde option. A cela s’ajouteraient les apports de l’hydroélectricité, de l’éolien et le développement des interconnexions euro-méditerranéennes qui devront pallier le reste des besoins. En fin, le bouquet électrique devra se composer également de l’électronucléaire, de recours aux schistes bitumineux, à l’énergie solaire et à la biomasse, à l’horizon 2020-2030. C’est dire qu’il faudra encore composer, avec ce qu’on a pour dix ou vingt ans… C’est vraiment du long terme… Et dire, l’énergie doit être au rendez-vous !
Ne soyons pas aussi pessimistes et tenons-nous aux propos de Madame Benkhadra qui soulignait que cette stratégie a, (au mois) permis de disposer d’une vision claire sur les court, moyen et long termes, (… et c’est déjà ça. N’est-ce pas encourageant d’apprendre que depuis des années, nous n’avions pas de vision et que c’est le cas aujourd’hui ?).
Pour un brun de réconfort, qui motiverait un peu plus les professionnels et les intervenants du secteur, il y a aussi un court terme (dont personne ne peu en préciser la durée), l’objectif est de rétablir l’équilibre entre l’offre et la demande. En effet, le retard d’investissement enregistré dans les installations de production, la quasi-généralisation de l’accès à l’électricité et la forte demande, ont engendré une forte pression sur l’offre électrique. L’interconnexion avec l’Espagne est ainsi devenue structurelle. Dans ce cadre, le «plan national d’actions prioritaires» vise, d’une part, à renforcer l’offre en construisant de nouvelles centrales électriques et, d’autre part, à améliorer les dispositifs de l’efficacité énergétique.
Vu son impact, le Maroc aurait aussi fait de l’efficacité énergétique, un pilier de sa politique en la matière, précisait encore la ministre. Encore faut-il mettre en place cette efficacité vu au pays les économies d’énergie qu’elle va permettre de réaliser.
Mère-courage et perspectives…
Au lendemain des Assises, on ne peut que joindre notre voix à celle Moulay Abdallah Alaoui, président de la Fédération nationale de l’énergie, qui a salué le courage de notre ministre de l’énergie pour avoir «choisi d’organiser les premières assises de l’énergie dans un contexte de crise financière et de la récession des économies occidentales ». Le président de la FNE ayant émis le vœu de voir tous les acteurs prendre part à ces assises et contribuer à l’enrichissement du débat et de l’échange, devrait être content de voir son vœu exaucé. La manifestation a, en effet permis à toutes les parties concernées d’avoir voix au chapitre et de discuter la vision du secteur. Débat, et c’est le cas de le dire, marqués par la transparence et ayant aussi permis de faire les bons choix en matière de législation soit des choix fondamentaux faits par notre pays dans ce secteur vital. Certes, les résultats et recommandations ont été concluants ; mais devrait-on s’en contenter ? Ne faut-il pas passer à l’action pour une mise en œuvre de cette stratégie dont on n’en a aujourd’hui que trop parler. Les Assises oui, mais il est temps de se mettre debout, de retrousser les manches et de se mettre au travail, surtout que le calendrier, tout comme le temps n’attend jamais personne et la situation, à l’international, n’a pas de répit pour les retardataires… Qu’allons-nous donc faire après les Assises ?