Energie
Utilisation pacifique de l’énergie nucléaire
Le dessalement de l’eau fait appel
Les trois-quarts de la surface de notre planète sont recouverts d’eau mais d’eau salée malheureusement. Il n’empêche que ces réservoirs inépuisables que sont les océans font rêver: et s’il était possible de transformer cette eau salée en eau douce ?
Cela résoudrait en effet toutes les difficultés de pénurie d’eau que connaissent beaucoup de pays, car nombre d’entre eux ont un accès aux océans, quand ils ne disposent pas d’un littoral maritime conséquent.
En fait, dessaler l’eau de mer de manière à la rendre consommable, c’est possible. On dispose même aujourd’hui de nombreux systèmes dont beaucoup ont atteint le stade industriel. Les deux procédés les plus couramment utilisés sont la distillation et l’osmose inverse. Leur principe est simple.
La distillation consiste à évaporer l’eau de mer, soit en utilisant la chaleur des rayons solaires, soit en la chauffant dans une chaudière. Seules les molécules d’eau s’échappent, laissant en dépôt les sels dissous et toutes les autres substances contenues dans l’eau de mer. Il suffit alors de condenser la vapeur d’eau ainsi obtenue pour obtenir une eau douce consommable.
L’osmose inverse nécessite quant à elle de traiter au préalable l’eau de mer en la filtrant et en la désinfectant afin de la débarrasser des éléments en suspension et des micro-organismes qu’elle contient. Le procédé consiste ensuite à appliquer à cette eau salée une pression suffisante pour la faire passer à travers une membrane semiperméable : seules les molécules d’eau traversent la membrane, fournissant ainsi une eau douce potable.
Ce rapport souligne l’importance du problème de pénurie d’eau que rencontreront plusieurs régions du monde dans les années à venir. Le dessalement de l’eau de mer peut être une solution attrayante pour subvenir aux besoins en eau des deux tiers environ de la population mondiale.
Les diverses techniques de dessalement sont ainsi décrites succinctement. Dans ce contexte, le dessalement par les réacteurs nucléaires apparaît comme une solution très compétitive, par rapport aux systèmes à base d’énergies fossiles non seulement pour la production simultanée d’électricité et d’eau potable, mais également pour la minimisation de l’émission des gaz à effet de serre.
L’inconvénient majeur de ces systèmes est qu’ils sont très coûteux. Les installations sont peu rentables, les quantités d’énergie nécessaires au chauffage ou à la compression de l’eau sont trop élevées, et les volumes d’eau produits trop faibles En effet pour transformer un kg d’eau liquide en 1 kg d’eau vapeur à la même température il faut environ 2250 kilojoules (si le changement d’état se fait à 100°C). L’utilisation de cette technique de production d’eau potable reste donc encore très marginale. Seuls certains pays ne disposant que de très faibles ressources en eau mais suffisamment riches, comme le Koweït et l’Arabie Saoudite, utilisent le dessalement de l’eau de mer pour produire l’eau douce destinée à la consommation humaine. Quoi qu’il en soit, cette question, dont l’enjeu est de taille, a déjà fait l’objet de nombreuses recherches qui se poursuivent.
Des évaporateurs dits «multiples effets» ont ainsi été développés qui visaient à limiter la dépense énergétique des systèmes précédents en utilisant la chaleur produite lors de la condensation de la vapeur d’eau pour évaporer l’eau de mer. Mais, techniquement très complexes, ces systèmes nécessitaient la présence d’un personnel très qualifié. Une amélioration vient cependant de leur être apportée qui permet de réduire encore les pertes énergétiques tout en gagnant en simplicité. Peu coûteux, modulable, très simples à installer et à entretenir, et capables de produire, à un moindre coût énergétique, de 20 à 30 litres d’eau douce à partir de 100 litres d’eau de mer, ces nouveaux systèmes devraient plaire aux pays les plus intéressés par le dessalement que sont nombre de pays en voie de développement. La délégation marocaine à la 1ère Conférence arabe qui s’est déroulée dernièrement à Hammamet(Tunis) sur l’utilisation de l’énergie nucléaire, a appelé à renforcer davantage la coopération scientifique aux niveaux régional et international
en matière d’utilisation pacifique de l’énergie atomique notamment en ce qui concerne la génération de l’électricité. La délégation marocaine a souligné, dans une communication présentée à la conférence, que l’échange d’expériences et d’expertises dans ce domaine, en coordination avec les organisations internationales telle que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), permettra de trouver une vision scientifique efficace pour la réalisation de projets communs en matière de génération d’électricité grâce à l’énergie nucléaire.
Elle a également mis l’accent sur le dessalement de l’eau de mer par l’utilisation de l’énergie nucléaire. Une possibilité qui pourrait profiter à une économie orientée sur le travail de la terre en particulier l’agriculture qui en souffre de la rareté de l’eau.
Cette manifestation, organisée par l’Agence arabe de l’énergie atomique (AAEA), en collaboration avec le Conseil ministériel de l’électricité relevant du secrétariat général de la Ligue des Etats arabes et de l’AIEA n’est que le prélude à plusieurs rencontres dans le domaine, surtout entre experts, pour parvenir à une application sûre et concrète.
M.M