ECOLOGIE

Le Maroc produit plus de 10.000 T/déchets électroniques par an

Si jamais une autre civilisation observe la nôtre à distance, la caractéristique la plus frappante serait probablement notre capacité à détruire l’environnement dans un continent en plastique, pollution d’air, changement climatique, déforestation et extinction massive de toutes les espèces. La liste est triste car tout autour de notre planète peut sembler anecdotique.
Les déchets électroniques, appelés également « e-déchets » sont une source de pollution dangereuse pour l’environnement, ses conséquences réelles pour la santé humaine sont encore mal comprises. Une étude internationale, menée par l’université de Cincinnati, étudie les effets des mélanges complexes de métaux trouvés dans les e-déchets sur l’homme. Il est urgent de connaître ces effets afin d’éviter des risques contournant des populations exposées aux décharges qui contaminent l’air, le sol et surtout la nappe phréatique.
Les appareils électroniques qui embellissent la vie des pays développés et leur procure belle vie atterrissent malheureusement dans des pays en développement. Qui, une fois brulés ou incinérés, libèrent des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) cancérogènes. Ce qui se transforme pour les riverains, habitant à proximité des usines de traitement, en cancer de poumons. Cette pollution liée aux déchets électroniques ne concerne pas uniquement les émissions de HAP. La récupération de matériau peut également être effectuée sur des tubes à rayons cathodiques, qui sont riches en plomb, constituant un facteur d’empoisonnement au plomb.
Les « e-déchets » sont complexes et résultent de mélanges de nombreuses substances chimiques connues pour leur effet nocif comme le plomb, le mercure, le cadmium ou encore le chrome. Il est estimé que 20 à 50 millions de tonnes de ce type d’agents potentiellement toxiques, issus d’ordinateurs, de téléphones cellulaires, de téléviseurs, de claviers, d’imprimantes et d’autres appareils électroniques, trouvent refuge dans les pays en développement, surtout en Afrique où le recyclage se fait de méthodes archaïques, mettant femmes enceintes et enfants devant des dangers  neurotoxique.
L’Union européenne est citée en exemple, avec son désir de faire porter la responsabilité aux fabricants d’appareils qui, à l’adresse  par ces derniers de mafias spécialisés en déchèterie,  infestent les pays d’Afrique.
Au Maroc, très peu de gens posent tristement la question. Alors que la toxicité, établie de longue date, de ces déchets d’équipements électriques et électroniques dépasse de loin celle de tout autre déchet détruisant l’environnement. Différents matériaux toxiques doivent théoriquement être traités conformément à la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontaliers de déchets dangereux et de leur élimination, entrée en vigueur en 1992. Texte auquel le Maroc a adhéré en 1995, et qui vise à limiter le transfert des déchets dangereux, y compris les déchets électroniques en provenance des pays riches.

La dernière étude sur le Maroc remonte à l’an 2000, elle porte sur un million de tonnes de déchets industriels produits chaque année, dont 70 000 tonnes sont de type mécanique, métallurgique, électrique et électronique, ou de déchets industriels.
Le développement du secteur du traitement des DEEE profiterait non seulement à la qualité de l’environnement mais également à l’activité économique. La création d’emplois qualifiés, voire sous-qualifiés serait une aubaine pour le Maroc. Et encore, seule une poignée d’opérateurs spécialisés dans le domaine de la collecte, du démantèlement, du recyclage et du traitement des DEEE opère au Maroc.
Les derniers chiffres de STEP (Initiative pour résoudre le problème mondial des déchets électroniques) sont alarmants. En effet, en 2017, ces déchets atteindraient 65,4 millions de tonnes dans le monde, soit un tiers de plus qu’en 2012. La même source indique que le Maroc produit près de 10 000 tonnes de déchets électroniques chaque année, soit 3,7 kg par habitant, avec une augmentation annuelle de environ 5 à 10% en raison de la demande accrue d’équipements électroniques.

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