Energie

Réduction des pertes en énergie

Promouvoir une politique efficiente

L’impératif de l’économie d’énergie s’impose aujourd’hui avec une telle insistance que le Maroc, doit se montrer résolus à renforcer les institutions nationales qui promeuvent déjà les économies d’énergie ou à en créer de nouvelles et à dispenser la formation appropriée en la matière. Si chaque partie doit elle-même déployer des efforts, en premier lieu en lançant des compagnes de sensibilisations et en diffusant de l’information, il leur faudra néanmoins une aide pour renforcer leurs capacités sur le plan des ressources institutionnelles et humaines. A court et moyen termes, cette aide peu prendre la forme d’instruments d’information, elle peut concerner les bonnes pratiques, notamment la gestion de la demande, et la formation.

Pour le passage à long terme à des systèmes d’énergies durables, le transfert des technologies pertinentes sera d’une importance cruciale. Des réformes économiques institutionnelles appropriées devront être menées pour encourager la participation du secteur privé et attirer ainsi les investisseurs en faveurs des technologies qui permettent de réduire les pertes d’énergie.

Avantages et entraves

Améliorer la transformation de l’énergie et son rendement final permet de réduire la consommation d’énergie par unité de produit ou d’activité et ne peut qu’encourager l’adoption de décisions et de mesures dans ce domaine. Par ailleurs, en améliorant l’efficacité du système énergétique, on contribue à améliorer la qualité de l’air, à réduire l’acidification à l’échelle régionale et, potentiellement, à réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre. En réalisant des économies d’énergie, on diminue également, quel que soit le produit intérieur brut (PIB), les besoins en investissements du secteur de l’énergie. Mais l’amélioration des rendements énergétiques est entravée à la fois par la nature du marché et par des obstacles au niveau institutionnel. Le fonctionnement actuel du marché n’incite pas les acteurs économiques à porter leur choix sur des produits et des services permettant de réaliser des économies d’énergie ; et les barrières institutionnelles découragent les institutions du secteur de l’énergie de promouvoir de telles économies.

Un marché timide
En ce qui concerne le marché, il faut notamment surmonter les obstacles et les défis, notamment ceux relatifs au manque d’encouragement à l’investissement dans le rendement énergétique, parce que la tarification et la structure des prix ne sont pas adapté, les cadres juridiques et réglementaires inadéquats et que les incitations financières et fiscales ne sont pas assez nombreuses. A cela s’ajoute la faible participation des sociétés de services énergétiques du secteur privé à la promotion des investissements dans les rendements énergétiques. Du côté des consommateurs, on constate un déficit en information et en sensibilisation quant aux avantages des technologies et des pratiques permettant des économies d’énergie. Ce qui les prive de la possibilité de choisir en bonne connaissance de cause et d’acheter des équipements ou d’adopter les pratiques favorisant les économies d’énergies. Signalons aussi l’accès limité aux capitaux d’investissement et la réticence à engager des capitaux dans des programmes d’économie d’énergie au délai d’amortissement de deux ou trois ans ; l’aversion au risque que représente la décision d’investir dans de nouvelles technologies ; l’immaturité des infrastructures du marché, qui se manifeste avant tout dans le manque d’équipements à bon rendement énergétique et de personnel qualifié pour les installer et les entretenir; un processus de décision en matière d’investissements dans les biens d’équipement et de consommation qui est loin d’être optimal, puisque les coûts en termes de cycle de vie ne sont pas pris en considération ; le fait que les entreprises décident de leurs investissements en faisant jouer la concurrence, ce qui ne favorise pas l’achat de systèmes permettant des économies d’énergie. Enfin, il faut dénoncer le caractère diffus de la responsabilité en ce qui concerne les économies d’énergie au sein des entreprises.

Obstacles institutionnelles
Des freins d’ordre institutionnel persistent et entravent le développement d’une culture de l’économie d’énergie. Sans être exhaustif, signalons le manque de politiques nationales explicites en matière d’économie d’énergie au niveau final ; le caractère inachevé du passage à une tarification alignée sur les coûts pour la consommation d’électricité des particuliers, et des clients du secteur commercial et industriel ;
un contrôle institutionnel inadéquat de l’utilisation de l’énergie ; le caractère limité des crédits disponibles dans les institutions financières et l’économie nationale ; et, aussi le manque d’utilisation de compétences de gestion modernes dans les entreprises du secteur public ainsi que l’absence de compétences techniques appropriées en ce qui concerne les économies d’énergie.

STRATEGIES POUR UN RENDEMENTS ENERGETIQUE MEILLEUR
Ces stratégies devront se déployer sur plusieurs niveaux. Au niveau national, une des principales options à court et moyen termes consiste à intensifier les efforts de tous les acteurs, notamment des gouvernements, du secteur industriel et des consommateurs, grâce à des mesures relativement simples, comme l’adoption de meilleures pratiques ménagères et une gestion de l’énergie, qui améliorent l’efficacité de la consommation finale d’énergie, ces mesures pourraient permettre d’économiser 20 à 30% d’énergie. A long terme, cependant, il faut préparer le terrain à de nouvelles technologies et pratiques plus efficaces  en mobilisant les différents acteurs grâce à la mise en place d’activités d’informations et de sensibilisation. Il faut également instaurer un environnement propice à un plus vaste marché pour les sociétés privées qui fournissent des services dans le secteur de l’énergie, afin de promouvoir les investissements dans les rendements énergétiques ; soutenir les entreprises qui souhaitent s’implanter dans le secteur des services énergétiques ou y développer leurs activités ; les règles et les normes d’économie d’énergie doivent être améliorées pour les nouveaux bâtiments ; mettre en place des laboratoires d’essai et adopter des protocoles d’essai internationaux pour les équipement permettant de réaliser des économies d’énergie. Une autre mesure d’encouragement consisterait à adopter des mesures d’incitation (par exemple un conseil technique, un crédit préférentiel et des exonérations d’impôt) pour atteindre des objectifs fixés en matière de conservation d’énergie et en sensibilisant les institutions financières aux coûts/bénéfices des investissements dans le rendement énergétique. La formation et l’information ne sont pas non plus à négliger dans le domaine du rendement énergétique. Mais seule une stratégie visant à réaliser des économies d’énergie au niveau national peut jouer le rôle de locomotive pour entrainer les autres secteurs à évoluer vers l’économie d’énergie. Encore faut-il sensibiliser les institutions financières au rapport coûts/ bénéfices des investissements dans le rendement énergétique aider les sociétés privées qui fournissent des services dans le secteur de l’énergie pour que leurs propositions de financement comportent une évaluation des risques correcte afin de dissiper les inquiétudes des institutions financières.

LE SECTEUR INDUSTRIEL
Plusieurs options se présentent pour ce secteur dont, notamment, l’adoption de règlements de construction obligatoires pour que la conception et le fonctionnement des bâtiments commerciaux n’entraînent pas de pertes d’énergie ; la minimisation des déperditions de chaleur et d’électricité et l’utilisation généralisée des technologies permettant de récupérer la chaleur perdue et des systèmes automatisés de commande des procédés ; une plus large utilisation de la production combinée d’électricité et de chaleur ; l’adoption des normes d’efficacité obligatoires pour les équipements consommant de l’énergie ; le remplacement des équipements et des procédés industriels dépassés et inefficaces et enfin l’adoption des derniers procédés et des technologies les plus modernes dans les établissements industriels.

LE SECTEUR RESIDENTIEL
Les options possibles pour ce secteur sont notamment : l’adoption de normes obligatoires et l’application d’un code de pratiques professionnelles pour que la conception des nouveaux bâtiments résidentiels permette des économies d’énergie ; l’a mise aux normes des habitations existantes ; le développement et la promotion de normes de rendement énergétique et l’étiquetage des principaux équipements et appareils consommant de l’énergie et la diffusion de bonnes pratiques de gestion ménagère de l’énergie grâce aux médias.

LE SECTEUR DU TRANSPORT
Le secteur des transports pourrait également bénéficier d’options à même de réduire sa facture énergétique. Citons quelques unes : le développement et la promotion des technologies favorisant les économies d’énergie en ce qui concerne les véhicules ; la mise en place en ce qui concerne l’étiquetage de la consommation en carburant des véhicules ; les incitations financières et fiscales aux entreprises et aux particuliers pour l’acquisition des véhicules neufs utilisant les technologies pour la gestion et l’économie d’énergie ; un urbanisme et une politique d’utilisation des sols qui permettent de réduire les transports de biens et de passagers, un contrôle et une maîtrise des flux de circulation dans les villes qui, favorisent une réduction de la consommation de carburants et la conception de réseaux routiers idoines ; enfin, la promotion d’un transfert modal dans les transports, pour substituer le plus possible aux transports routiers les réseaux ferrés, maritimes, et des systèmes multimodaux permettant des économies d’énergies, et pour encourager l’utilisation des transports en commun plutôt que celle des véhicules particuliers.

LE SECTEUR DE L’ELECTRICITE
Le secteur de l’électricité pourrait optimiser sa production dans une optique d’économie d’énergie par la constitution d’un secteur de l’électricité autonome, grâce à une réévaluation des rôles respectifs du gouvernement et du secteur privé et une réforme du secteur pour qu’il obéisse aux lois du marché et pour éliminer ou réduire les subventions au titre du prix de l’électricité. Il faut aussi améliorer l’efficacité thermique de la production d’électricité, grâce à l’adoption de nouvelles techniques d’utilisation du charbon. Une autre mesure consisterait à utiliser des ressources hydroélectriques, option qui peut permettre de produire une électricité d’un coût abordable et respectueuse de l’environnement, si les problèmes environnementaux et sociaux connexes sont traités comme il se doit ; la mise à jour des réseaux de transmission et de distribution de l’électricité et la mise en œuvre de mesures de réduction des déperditions ; la mise en place d’une tarification incitative pour que les consommateurs réduisent leur demande durant les heures de pointe, grâce à une meilleure gestion de la charge. Il faut enfin adopter des solutions de production et distribution régionale, pour minimiser les pertes par la distribution sur les longs distances.

Hassan EL AARJANE
Ingénieur en Energie

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