Chroniques

Télévision

Du voile à la vente aux camelots

Un peu partout dans les administrations , dans les boulevards et même dans les quartiers d’affluence commerciale ou surtout à travers les écrans de télévisions de certaines chaînes arabes, la montée du star-type harpant le hijab sexy est à la mode de nos jours .Et grâce au phénomène des vendeurs ambulants, qui colportent les nouveaux modèles jusque dans les grands boulevards casablancais , la ville est prioritairement convoitée et partant, envahie. Jonchant le parterre du devant des boutiques, les ferrachas occupent dans un désordre fracassant la chaussée, pourtant réservée aux automobilistes. La vente du n’importe quoi donne donc lieu au titre de commerçant , ce qui fait que tout le monde s’adonne à une telle occupation tant qu’aucune charge fiscale ne peut venir s’en prévaloir. Une exemption notoirement décrétée dira-t-on!.
Mais le plus attrayant est que ce genre de commerce fait bonne audience chez les femmes, et ce par mesure de faire économiser quelque peu le budget domestique . La mode des voiles et foulards a dans ce sens pris du vol et se répand à une vitesse incroyable depuis que la question des « moutabarrijates », celles qui sont convoitées par la mode occidentale , fournit le prétexte à toute femme désirante échapper aux regards malveillants de l’autre de s’en faire une cause . Et se mettre aussi à l’abri des salafistes qui portent mal dans leur coeur l’égalité et la liberté de la femme .
En tout cela la responsable en est pour une bonne part à la télévision. Ne cessant de jouer sur l’amalgame entre modernisme béat et tradition calfeutrée,portant une tradition locale au niveau national, se faisant l’étouffeuse de la diversité culturelle. Créatrice d’opinion certes, elle se laisse faire par la diffusion de téléfilms, quand ils ne sont pas pseudo-religieux, à se porter sur ceux plus sexy . Quel paradoxe? Puis la mode descend sur le parterre de palaces en terme de création stylistique, faisant tapage de la sortie, des ateliers de modélistes, de grands modèles pour telle ou telle saison . Une séduction qui en finisse à bras le corps dans le marché de gros pour gagner aussitôt les villages les plus reculés. Le modèle est ensuite copié et fabriqué à des milliers d’exemplaires.
Ces marchands itinérants, qui gagnent chaque jour du terrain, jouent un rôle très important dans l’industrie nationale du prêt-à-porter. Ils sont les véritables diffuseurs de la mode dans tous les coins du pays, jusque dans les bleds les plus perdus. Ne vous étonnez pas de voir les paysannes travaillant sur les plantations porter la toute dernière création à la mode fabriquée dans les centres commerciaux de Casablanca ou d’autres grandes villes du Royaume . Il ne serait que simple témoignage que la progression de l’habit se porte très bien dans notre pays .
L’industrie du prêt-à-porter populaire doit son succès à la persévérance de ces camelots qui ne cessent de se développer dans des quartiers périphériques. Vendre des vêtements à la classe moyenne et aux couches les plus pauvres de la société, n ‘est autre que la gloire d’une économie de rente qui ne cesse de se développer et qui se fait des vedettes . Aujourd’hui la tendance est aux apparences et l’illusion d’appartenir à telle ou telle classe fait des emplettes.

M.Mehdi

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