Economie

Petites et moyennes entreprises quelle condition ?

Véritables pourvoyeuses de richesses laissées à la traine

Les PME composent une partie importante du tissu des entreprises marocaines, pourtant, c’est le noyau le plus faible de l’économie nationale. En dépit de programmes et efforts déployés par l’État, et le secteur financier accompagnateurs, l’action reste mitigée pour résoudre leurs problèmes. Selon le classement Doing Business 2019, de la Banque mondiale, le Maroc a gagné 9 places pour atteindre la 60ème place sur 190 pays…Il a même atteint la 2ème place dans la région MENA, derrière les Émirats arabes-unis, et la 3ème sur le continent africain, après les Île Maurice et le Rwanda. Mais tout compte fait, le taux de création d’entreprises, moyennes et petites, est toujours en baisse, court-circuitant le taux de paiement à défauts, ces dernières leur apport économique reste limité. En moyenne, 15% là où elles représentent 95%. Aujourd’hui, ces entreprises mettent la clé sous la porte au tournant de chaque année faute de prévisions ou de mauvaise gestion. Elles souffrent également de la montée en flèche de la contrefaçon et de l’informel.

Le chef du gouvernement, Saad-Eddine El Othmani croit, dans le cadre du projet de loi de finances 2019, soutenir les entreprises marocaines, en particulier les PME, et ce, par la réduction des délais de paiement et l’amélioration de l’accès au financement, grâce à la simplification des statuts de garantie et à l’augmentation du plafond de financement micro-crédit. Par ailleurs, le chef du gouvernement a souligné que l’adoption de la loi formant Code de Commerce, vise à simplifier les mesures et les procédures relatives au traitement des difficultés d’entreprises. L’objectif est d’assurer une protection optimale aux entreprise en difficultés financière, économiques ou sociales.

L’étude du parcours post-création des entreprises créées par le CRI, menée avec l’assistance technique de la Banque mondiale, révèle qu’en 12 ans, une entreprise sur deux atteint le cap des trois ans, et une entreprise sur trois dépasse les cinq ans d’activité. Sur les 64.000 entreprises immatriculées au CRI, entre 2003 et 2015, seulement 51% étaient toujours actives à fin 2015. Plus d’un quart, 27% d’entre-elles n’auraient jamais entamé leur activité. Le taux de création a passé de 11% en 2007 à 8% en 2015, une dynamique à petits pas. Suite à une enquête, les entreprises encore actives restent en majorité des TPE (93%). Ces dernières réalisent un chiffre d’affaires inférieur à 10 millions de dirhams et emploient moins de 10 personnes. Des informations confirment cette tendance. En 2017, selon les données diffusées par (Inforisk), 8.088 entreprises ont dû cesser leur activité. Parmi-elles, 90% se sont déclarées en liquidation et 10% ont été mises en redressement judiciaire. Une quantité en augmentation de 8,5% par rapport à 2016, malgré un léger déclin de la tendance à la hausse. Ainsi, en huit ans, le volume de ces défaillances a triplé puisqu’en 2009, on en comptabilisait 2.462. Toujours selon (Inforisk), la majorité des petites entreprises (96%) et (3,2%) entreprises (TPE/PME). Un calcul rapide permet d’estimer le nombre d’emplois détruits dépassant les 40.000. Le secteurs le plus touché reste le BTP.

Cependant les besoins de financement, à chaque étape du cycle d’exploitation au Maroc, la PME constitue l’essentiel avec un pourcentage frôlant les 95%. En raison de la facilitation de l’acte d’investissement, leur nombre ne cesse d’augmenter. Il est nécessaire de considérer que le taux des sinistrés augmente également. En général, grosses pourvoyeuses d’emplois et génératrices de revenus, les PME ne sont pas assez récompensées. Des efforts sont faits, mais ils demeurent encore insuffisants. Deux chiffres restent éloquents: en 2016, les créations se sont élevées à 74.807 entreprises contre seulement 41.254 en 2017, soit un peu plus de la moitié, selon la commission PME de la CGEM.

Comme l’attestent de nombreux rapports, la première difficulté à laquelle doivent faire face ces entreprises est le financement. La majorité des TP/ME déclarent avoir du mal à obtenir le crédit nécessaire pour se créer ou s’agrandir. Les PME nécessitent plus de moyens pour financer leurs productions et investir sur la prospection, la veille et les nouveaux débouchés. (…) Pour les entreprises qui sont dans l’innovation, les besoins d’investissement sont cruciaux. Ces structures souffrent souvent de la frilosité du système financier. Pour mémoire, Bank Al-Maghrib a maintenu son taux directeur à 2,25% pour offrir un crédit à un taux très bas. Les difficultés que rencontrent les PME, pour accéder au crédit, sont principalement dues à un manque de compétitivité au sein du secteur bancaire marocain et sa méconnaissance des PME .
En novembre 2018, le ministre de l’Économie et des Finances, Mohamed Benchaâboun, a présenté en Conseil de gouvernement le projet de Loi de Finance modifiant en partie celui de son prédécesseur concernant les micro-crédits. Ce dernier propose de relever à 15.000 dirhams le plafond des financements accordés. Selon une étude menée par les services du ministère de l’Économie et des Finances, 3% des 21.600 TPE, non-clientes des associations de microcrédit, vouloir un crédit plus élevé à 50.000 dirhams. En outre, le crédit bancaire est davantage attiré par les grands projets que par la PME. Les garanties exigées par les banques et leur appréhension du risque, dont les ratios de calcul sont encore trop peu adaptés aux PME, constituent deux obstacles importants aux possibilités de financement offertes. Le financement alternatif reste une solution pour aider les PME. Ces solutions sont un avantage plus facile et mobile. Car, les émetteurs sont moins exigeants que ceux du circuit conventionnel. Ils sont plus impliqués dans les opérations, dans la mesure où les risques comme les bénéfices peuvent être partagés. Récemment, les « Business Angels » n’ont pas de cadre incitatif et sont taxés en tant que spéculateur et/ou rentier. Ces derniers apportent leur réseau, leur expertise et ce, souvent au cours de la phase la plus critique, le démarrage de l’entreprise.
En définitif, les trois premières années de la vie d’une entreprise restent les plus décisives pour leur survie. C’est pendant cette période que les banques, dépositaires de l’épargne publique, sont moins susceptibles de leur accorder un prêt en raison du risque que cela représente.
Plus conscient des difficultés rencontrées par les PME, l’État a mis en œuvre un certain nombre de mesures telles que la loi sur les conditions de paiement, l’apurement des arriérés liés à la TVA ou le projet de loi attribuant 20% de l’ordre public aux PME. Toutefois, pour accélérer leur croissance externe et progresser dans l’optique, les petites et moyennes entreprises ont avant tout besoin d’une gamme de financements plus large, qui leur offre des sources de financement adaptées aux différentes phases de leur cycle de vie. Et pour développer ce marché alternatif, des incitations fiscales ainsi que la mise en place d’un cadre réglementaire pourraient changer la situation.

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