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Dégâts et conséquences du dérèglement climatique sur la santé

comment notre mode de vie dépend de l’énergie et quels sont les impacts du changement climatique sur notre santé ?

L’énergie est fondamentale pour notre société
Quand on prononce le mot énergie, on pense d’abord au secteur des transports, de l’électricité, de l’industrie, au chauffage des bâtiments, etc. Alors que le secteur de la santé dépend énormément à l’énergie, plus exactement ce qui permet aux gens à la fois d’avoir une espérance de vie importante aujourd’hui et d’avoir un appareil de soins qui leur permet, quand ils sont malades, d’être traités.

L’espérance de vie à la naissance est reliée à ce qu’on a coutume d’appeler la richesse, c’est-à-dire le PIB. Plus il y a de PIB par personne dans un pays et plus l’espérance de vie à la naissance est élevée. Et c’est aussi vrai si on fait le détail par pays. C’est également vrai si on regarde le monde dans son ensemble de manière chronologique. L’espérance de vie à la naissance évolue depuis maintenant plusieurs décennies dans le monde dans comme une fonction affine du PIB. C’est-à-dire qu’à chaque fois que le PIB augmente, l’espérance de vie à la naissance augmente dans le monde.

On peut également considérer que le PIB évolue exactement comme l’approvisionnement énergétique et exactement comme les émissions de CO2. Donc le grand paradoxe c’est que l’augmentation du PIB est à la fois une très bonne chose pour l’espérance de vie à la naissance et une très mauvaise pour l’espérance future de vie à la naissance, puisque les émissions de CO2 augmentent encore une fois aujourd’hui exactement comme le PIB et exactement comme l’énergie.

On pourrait conclure donc que notre santé, qui dépent de l’appareil de soins et donc du système de santé, dépend de l’approvisionnement énergétique et des émissions de CO2. Ca represente trois manières de considérer les mêmes processus et les mêmes flux physiques.

Correspondance entre le PIB et l’énergie

Il y a une corrélation entre l’évolution de l’énergie et le CO2. Pour chaque année depuis 1965 il y a une correspondance entre la quantité d’énergie utilisée dans le monde et les émissions de CO2 issues de l’énergie.

Le développement du charbon a dépassé de loin le développement des énergies renouvelables, de telle sorte que la proportion fossile dans l’énergie qu’on utilise dans le monde n’a absolument pas varié sur les soixantes dernières années : on est toujours à 80% d’énergies fossiles dans ce qu’on consomme.

Cependant, il y a autant d’espérance de vie à la naissance qu’il y a de PIB mais il y a autant de CO2 qu’il y a de PIB ! L’appareil de soins et l’état sanitaire des populations jusqu’à maintenant, sont en train de s’inverser, mais jusqu’à maintenant ont largement bénéficié de cet approvisionnement énergétique massif qui a envahi le monde depuis quelques siècles. En fait, c’est à cause du parc de machines en service. Et donc plus le parc de machines en service sur terre est important, plus la production est importante, et donc plus on va avoir un PIB important.

Par ailleurs comme la totalité de l’énergie est fossile sur terre, il est normal que plus on utilise d’énergie, c’est-à-dire que plus on mets de machines en fonctionnement, plus on a de CO2. Donc le CO2 et le PIB sont deux conséquences qui co-varient du même approvisionnement énergétique.

Le PIB mondial évolue comme les émissions de CO2 mondiales.

Conséquence sur la santé.
Le système de santé s’est énormément amélioré depuis deux siècles. L’espérance de vie à la naissance il y a deux siècles était moins de 30 ans à la campagne et plus de 20 ans en ville. Plusieurs facteurs, qui dépendent directement de l’abondance énergétique, ont changé cette tendance.

D’abord on a supprimé les famines, parce que grâce à la productivité agricole on a considérablement augmenté les récoltes. On a industrialisé l’agriculture par les moyens mécaniques, les usines phytosanitaires et les usines d’engrais. Ce qui mène à l’augmentation de la production alimentaire. Ce qui a conduit énormément à augmenter l’espérance de vie parce qu’on a éliminer la malnutrition et donc les gens ne sont plus faibles et n’ont pas de problème de famine.

On a arrêté de s’empoisonner avec des aliments pourris, en mauvais état ou mal conservés en améliorant la conservation des aliments : les boîtes de conserve, les bocaux et plus tard la réfrigération. On a amené l’eau potable et on a également évacué les détritus avec le réseau d’évacuation des eaux usées et l’évacuation des déchets hors des villes. Nous avons eu des bâtiments qui avaient un meilleur confort thermique. Nous avons crées les détergents et les désinfectants pour désinfecter et donc éloigner les bactéries. Nous avons eu également les vaccins et antibiotiques pour contrer les virus et autres maladies.

Toutes ces créations ou inventions ont bénéficient directement de l’énergie abondante parce qu’il faut des machines aujourd’hui pour les fabriquer en grande quantité et indirectement, parce qu’il faut du temps humains pour concevoir et fabriquer ces produits. Alors dans les temps anciens, une fois qu’on avait épuisé notre temps pour se nourrir et pour ses défendre, on n’avait plus de temps à consacrer pour se soigner.

Derrière tous ces facteurs on retrouve de l’énergie. Alors pour l’hôpital, l’infirmière va également bénéficier de l’énergie à tous les étages. D’abord on a un chauffage central comme dans tous les bâtiments maintenant, qui contribue à ce que les gens évitent de mourir de froid. Vous avez une cantine qui consomme de l’énergie, une blanchisserie, des moyens de transport qui permettent d’amener les patients. Plusieurs processus industriels qui fabriquent les appareils, qui permettent de faire les examens donc du scanner jusqu’aux instruments qui permettent de prendre la tension, les réactifs de laboratoire et les analyses. Tout ces machines utilisent du plastique, du pétrole, des aciéries et de la chimie.

Et pour construire l’hôpital on a besoin de camions, de pelles mécaniques qui sont encore des machines. Donc l’hôpital moderne est une grosse machine compilation de grosses machines. L’énergie a joué un rôle déterminant pour que les gens restent en bonne santé avant d’aller à l’hôpital, et l’énergie joue un rôle déterminant pour que l’hôpital puisse fonctionner comme il fonctionne aujourd’hui.

Nous avons mis les machines au travail pour faire le boulot à notre place. Aujourd’hui on mange ce qui est produit, planté, récolté, transporté, transformé par des machines. On s’habille avec ce qui est tissé, cousu, découpé, assemblé et transporté par des machines, etc. Donc on vit dans un monde de machines. C’est dire que le temps de travail a considérablement diminué d’une part. Donc on a plus de temps libre, mais surtout ce temps a été affecté différemment.

Tendance des emplois vers le secteur tertiaire

Grace aux machine, on exploite notre temps en utilisant plus notre cerveau plutot que nos muscles avec les emplois tertiaires. Nous pouvons avoir des chercheurs en très grande quantité dans tous les domaines, c’est-à-dire non seulement des chercheurs en médecine et des pharmaciens, mais également des chercheurs dans l’informatique pour produire des logiciels qui vont permettre à la recherche médicale d’être plus performante, qui vont permettre de tenir correctement les études épidémiologiques, etc. Donc en fait, l’ensemble du temps qui a été dégagé par les machines permet aujourd’hui de consacrer du temps humain à des activités de recherche et d’enseignement qui vont elles-mêmes en retour bénéficier à l’appareil de santé.

Impacts du changement climatique sur la santé
La dérive climatique que nous avons mise en route va avoir de très nombreuses conséquences directes ou indirectes sur notre état de santé. Avec l’élévation de température, les canicules vont devenir de plus en plus fréquentes. Avant 2050, dans un monde qui se sera réchauffé de 1,5 degré par rapport à la température préindustrielle, les canicules deviendront 8 à 9 fois plus fréquentes que ce qu’elles étaient sur la deuxième moitié du XIXe siècle, avec une température maximale atteinte qui sera supérieure en gros de 3 degrés à ce qu’elle était au moment où ça survenait pendant la deuxième moitié du XIXe siècle.

Toute la bande équatoriale (avec 1 à 2 milliards d’individus) va être transformée la moitié du temps en un sauna permanent, c’est-à-dire qu’à l’extérieur, la température sera très souvent supérieure à 35 degrés. L’air sera saturé d’humidité à cause du réchauffement climatique qui aura augmenté l’évaporation en provenance des océans et saturé cette région d’humidité, et on ne pourra pas transpirer pour refroidir le corps.

Baisse des rendements agricoles.
Le changement climatique va assécher les sols sur une très large partie des terres émergées. La quasi-totalité du continent américain, tout le pourtour du bassin méditerranéen et jusqu’au milieu nord de l’Europe, la partie sud de l’Afrique, l’Australie, la Chine et une partie de l’Asie du sud-est. Dans toutes ces régions, qui ont déjà commencé à vivre des épisodes de sécheresse avancée, on va avoir une décrue des rendements agricoles. Et avec la baisse de l’approvisionnement énergétique, on risque d’avoir une diminution très forte de l’approvisionnement agricole. Ça a un impact direct sur la santé puisque quand on mange moins, ce qui va être le cas pour une fraction croissante de la population planétaire, on se porte pas très bien.

Conséquences sur la biodiversité.
La biodiversité est également atteinte par la pollution, la prédation excessive des espèces et la disparition d’habitats. Le changement climatique entraîne la perte de biodiversité qui peut en retour baisser les productions agricoles, augmenter le stress ou diminuer une ressource dont on a besoin pour se nourrir. Exemple typique de la pêche dans les récifs coralliens : tous les récifs coralliens tropicaux seront morts à 2 degrés de réchauffement.

On va avoir un impact sur les germes et les agents pathogènes. Quand on chauffe le bouillon de culture, les agents et les microbes de toute nature apprécient et se comportent différemment de ce qu’ils faisaient avant. On va avoir une modification des zones endémiques d’un certain nombre de maladies : la fièvre jaune, la dengue ou le paludisme. On a déjà documenté que dans le Pacifique, à partir du moment où on avait un réchauffement, comme la période El Niño, ou le réchauffement du Pacifique Ouest, on avait des cas de choléra qui augmentaient parce que le vibrion du choléra se développait plus facilement dans les eaux saumâtres et qui se trouvaient augmentées.

Agressions sur les infrastructures
Le niveau de l’océan va monter pendant des milliers d’années à cause de l’expansion thermique des mers. La fonte du Groenland qui est maintenant irréversible à l’échelle de quelques siècles et de quelques milliers d’années va attaquer les infrastructures de bord de mer, notamment les ports, une partie des centrales électriques. Les chaînes logistiques mondiales vont être perturbées.
Un autre exemple et le gonflement/rétractation des argiles ou bois des piles de pont à cause de l’asséchement des lit des rivières qui peut amener a des fissures ou l’effritement des poutres donc à l’écroulement des infrastructures.

Décarboner les secteurs
Tous les secteurs sont prioritaires. Le monde dans lequel on s’apprêtez à vivre l’essentiel de notre existence restante est un monde qui va connaître un nombre croissant d’agressions. Alors c’est à la fois une très bonne nouvelle et une très mauvaise nouvelle. C’est une très mauvaise nouvelle sur les déstabilisations auxquelles nous allons avoir droit. C’est une très bonne nouvelle au sens où les gens qui ont des compétences et des connaissances vont être plus utiles à la collectivité dans ce genre d’environnement. Ce qui est très important c’est donc de ne pas penser l’avenir comme on a pensé le passé. Nous avons grandi jusqu’à maintenant dans un monde d’abondance. Ce monde d’abondance va progressivement s’éroder. Cette érosion va nous obliger à être inventifs, à utiliser au mieux les moyens qui nous restent. Le covid nous a donné un petit avant-goût. En gros le covid c’est la disruption des chaînes d’approvisionnement mondiales et tout d’un coup on s’est retrouvé avec pas assez de masques, pas assez de médicaments, pas assez de tests. Donc il faut disposer d’un appareil résilient, d’où l’importance de faire plus de préventif et moins de curatif et d’où l’importance de ne pas se rendre totalement dépendants de dispositifs techniques extrêmement sophistiqués dont la maintenance et le bon état de fonctionnement dépendent de chaînes d’approvisionnement extrêmement complexes qui vont être de plus en plus difficiles à maintenir à l’avenir.

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