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L’OCP décline son plan social

Création de milliers d’emplois

Socle de l’avenir économique du Maroc, le phosphate est une ressource hautement stratégique sur laquelle veillent jalousement les autorités. C’est une poudre blanche, qui longtemps n’a servi qu’à fabriquer des engrais et s’est échangée à un prix dérisoire (35 dollars la tonne). La plupart des Marocains ignorent tout de ses usages. Pourtant, avec un pic à 400 dollars la tonne en 2008 et une demande mondiale qui croît au rythme de l’économie chinoise, le phosphate est au Maroc ce que le pétrole est à l’Arabie Saoudite : le socle de son avenir économique et stratégique.

Alors que les réserves sont partout en déclin, le Royaume disposera, à l’horizon 2020, de 80 % des réserves mondiales. Troisième producteur (derrière la Chine et les États-Unis) avec 24 millions de tonnes par an, le Maroc est le premier exportateur mondial de ce minerai, qui sert principalement à la fabrication de fertilisants, de détergents ou de batteries lithium-ion, utilisées dans les véhicules électriques ou les téléphones portables.
L’OCP a fait peau neuve sous le règne de Mohammed VI et la direction de Mustapha Terrab, son patron depuis 2006. Plus transparent, il s’est mis en conformité avec les normes internationales et ne cache plus ses ambitions. À l’horizon 2013-2015, la capacité d’extraction minière devrait passer de 30 à 50 millions de tonnes par an, et quatre nouvelles usines devraient opérer à Jorf Lasfar (au sud d’El-Jadida). Une stratégie très agressive qui nécessitera plus de 4 milliards de dollars d’investissements d’ici à 2012. Objectifs : rester compétitif et asseoir son leadership sur le marché mondial. C’est aussi une vision qui permettra à l’ Office de mettre en oeuvre un plan d’envergure pour l’emploi qui porte sur la création de 5.800 nouveaux postes pour les besoins industriels et de service au niveau des sites OCP, dans tous les métiers et tous les niveaux. Il entreprendra également des actions spécifiques auprès des populations riveraines et des retraités OCP en situation précaire.
En complément de ce dispositif, le Groupe OCP compte réexaminer sa politique de sous-traitance pour plus d’efficacité, tout en s’assurant régulièrement du respect des exigences de ses standards en termes de formation, de sécurité et des conditions de travail.
Des moyens de suivi humains, matériels et contractuels seront systématiquement déployés pour relever le niveau et sécuriser ce dispositif. Les recrues seront retenues en toute transparence selon des critères rigoureux. Parmi les nouvelles recrues, une attention particulière sera accordée aux candidats ayant une proximité avec l’OCP, soit en leur qualité de fils de retraités, soit en tant que résidents dans les zones riveraines de ses installations . Ce programme a pour objectif le renforcement de l’employabilité dans les régions où opère l’OCP.
Il s’agit de la mise en place, en partenariat avec différentes institutions publiques et privées, de plans de formation de qualité visant à faire ressortir les vocations les plus porteuses chez chacun et à le rendre employable dans les meilleures conditions.
Ciblant pas moins de 15.000 personnes, ce plan se décline selon les parcours et les profils des bénéficiaires en formations sur mesure ou formations sanctionnées par des diplômes, conçues spécifiquement par de prestigieuses institutions et grandes écoles nationales. Des accords seront également signés avec des partenaires internationaux pour assurer des compléments de formation.
Afin d’assurer les meilleures conditions de déroulement de ce programme, l’OCP s’engage à prendre en charge les frais financiers de ces formations et allouera des bourses d’un montant adapté aux besoins pouvant atteindre 2000 Dh par mois pour les fils de retraités et de riverains, et ce, selon des règles conditionnées notamment par le niveau d’implication et d’engagement des bénéficiaires.
Le troisième axe de cette stratégie concerne, quant à lui, les porteurs de projets créateurs d’emplois qui se verront fournir l’appui financier et l’accompagnement technique nécessaires pour la réalisation de leurs projets.
D’ici le 30 juin 2011, les actions concrètes de mise en oeuvre effective de ces mesures seront annoncées au fur et à mesure, et les listes des différents bénéficiaires seront dévoilées. Tout en soulignant que ces nouvelles mesures sont alignées et adossées à la croissance et à la dynamique du Groupe et s’inscrivent pleinement dans sa stratégie de rigueur, de performance et de professionnalisme. Ces mesures représentent une parade adéquate pour sécuriser le positionnement international de l’Office, pérenniser sa performance et dynamiser de manière robuste une politique de développement durable.
Et pour répondre largement aux besoins d’une ville de la taille de Khouribga, capitale mondiale des phosphates, habitée de quelque 170 000 habitants et sans infrastructures touristiques, il s’impose aujourd’hui de planifier sérieusement pour une région réputée pourvoyeuse de candidats à l’émigration clandestine. Les familles qui y vivent dans cette région, presque toutes sont issues de la mine . Un projet baptisé la « Mine verte », soutenu directement par S.M le Roi, devrait modifier radicalement le visage de la cité minière. La ville nouvelle, qui devrait coûter près de 700 millions d’euros, abritera un musée, des hôtels de luxe, un théâtre, une cité des sciences, un parc d’attractions, un lac artificiel, un téléphérique et même une piste de ski… Une mine abandonnée sera aménagée en jardin botanique, et des maisons seront construites pour les employés de l’OCP .
Entièrement écologique, la nouvelle Khou¬ribga devrait avoir des allures de mini-Dubaï. Bien sûr que tout est possible , mais il faudrait attendre l’approbation des autorités de tutelle. Et montrer que les fruits du phosphate sont redistribués et que l’on rend enfin aux Marocains ce que leur terre leur a donné.

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