EconomieReportage

Production artisanale

Appel pour un référentiel local

Parler de l’artisanat dans la région de Zagora c’est faire traduire en langue de professionnel ce que recèle la région comme repères, définissant la stratégie de développement de ce secteur dans le Souss-Massa- Draâ. C’est aussi faire le diagnostic de la situation actuelle et l’évaluation de son potentiel de croissance dans cette province.

Compte tenu des éléments d’information existants sur l’artisanat local, une enquête sur le terrain, basée sur des témoignages recueillis auprès des différents acteurs et opérateurs dans le domaine mono-artisans urbains, ruraux, coopératives ou associations professionnelles, la problématique du secteur reste liée essentiellement à la production qui se fait en amont de la chaîne. Et qui ne peut se prévaloir un développement rapide du produit artisanal sans une intervention sérieuse des pouvoirs publics. C’est un secteur qui dépend largement d’opérateurs qui transcendent l’action commerciale locale, tout en exploitant le petit artisan et permette aux spéculateurs de gagner sur son dos de larges bénéfices. Ce qui fait que les conditions de production des mono-artisans restent non optimales, engrangeant par le même fait les outils de production qui demeurent archaïques. La faible structuration du réseau local de distribution et de commercialisation, aux côtés des méthodes de négociation, en l’absence de label commercial dans la région, ne jouent nullement pour une qualification adéquate, bloquent dans une certaine mesure le développement du secteur dans la région. D’où l’incitation des artisans de faire adopter un référentiel normatif défini dans le cadre du Programme national de certification et de normalisation des produits d’artisanat de la région et le développement de marques collectives et d’indications géographiques.
La définition du positionnement stratégique de l’artisanat dans la Région Souss-Massa-Draâ, et les objectifs stratégiques associés, a été le fruit d’une démarche opérationnelle concertée qui a permis d’identifier les familles de produits potentiellement admis en marchés ciblés. La vision pour un artisanat porteur, doit traduire les ambitions futures du secteur, fondées pour consolider les forces et exploiter les opportunités identifiées, tout en luttant contre les faiblesses menaçant le secteur. Ainsi le PDRA de la Région, ambitionne de consacrer l’artisanat de Souss-Massa-Drâa dans l’expression identitaire et culturelle, conditionnant les plans national et international comme concept différenciateur.
En effet le Plan d’actions, défini à horizon 2015, est basé sur trois axes stratégiques dont l’accompagnement des PME pour l’innovation, en termes de production, est un appui aux métiers de (Tapisserie et Bijouterie,…) La pénétration aux nouveaux marchés, notamment à l’export, ne peut se réaliser sans la création de nouvelles Petites et moyennes entreprises(PME) dans le secteur, notamment dans les métiers de la bijouterie et du cuir, pratiquement exposés dans un musée abritant, en dehors de toute spéculation mal forme, le patrimoine national, tout en restant ouvert au public et aux professionnels.
Cependant ,il faut dire que la femme de la vallée du Draâ reste un élément de transmission de la valeur artisanale dans la région. Elle continue à orner des bijoux faits en argent ou corail. L’or est rarement utilisé. Les «khors» ces larges boucles d’oreilles, décorées avec des anneaux de grande taille, demeurent un bijou de choix chez les femmes de Draâ. A côté des différents bracelets fabriqués et utilisés selon les âges des femmes, aujourd’hui abandonnés pour leur lourdeur en argent massif, le «dblej» est bien réputé, il fait usage de trésorerie dans la région. La «N’bala» elle aussi, reste un bracelet d’ornement ,il est porté par les jeunes femmes. Façonné généralement sur directives et choix des clients, il en fait des emplettes par les femmes en tourisme dans la région , qu’elles s’agissent de Marocaines ou étrangères. Plus épais, il est large de deux doigts et non fermé. Pour ce qui est des bagues, «khatems», elles sont souvent faites d’argent. Les colliers sont aussi montés, pour le besoin , par les femmes elles-mêmes, à partir d’éléments en argent, de perles et de pierres précieuses ou semi précieuses. C’est un rite qu’on retrouve chez les habitants du village Amezrou, qui témoigne également du passage d’une communauté juive dans la région en perdition depuis les années cinquante.
La poterie, elle reste toutefois l’une des plus anciennes activités artisanales dans la vallée du Draâ, sa fabrication se base toujours sur des techniques ancestrales avec des fours rudimentaires, contrairement à celle des villes, la poterie rurale de Zagora et région reste très sobre. En somme c’est un ensemble de marmites, de pots et plats en terre cuite qui se fabrique dans le terroir. En quête de structuration et développement, la logistique et la commercialisation de produits artisanaux fait défaut. La création de deux ensembles d’artisanat l’un à Tinghir et l’autre à Zagora, permettrait à l’animation touristique de concrétiser une étude de faisabilité pour les projets d’infrastructures réservés à l’artisanat et proposés par les partenaires locaux. L’amélioration des conditions de travail et l’accès facile des artisans au micro- crédit et bancaire, basé sur un partenariat institutionnel
(constitution du registre des artisans par filières, métiers et produits), justifiera le déploiement d’un Observatoire régional de l’artisanat et permettra de lutter contre le travail des enfants en bas âge.
La promotion de l’artisanat dépend dans une large mesure des marchés extérieurs (dont l’export), la conception et la diffusion d’un Guide de l’artisanat consacré à la région, accouplé aux DVD et films pédagogiques, visant à sauvegarder et à transmettre le savoir-faire artisanal local ramènera certainement une demande accrue des produits d’artisanat fabriqués dans la province de Zagora.

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