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Port de Safi, un pôle économique et social en quête de finalisation

Programmés en 2013, les travaux trébuchent encore

La construction du port de Safi s’affirme dans un état d’avancement latent. Les travaux de la digue principale et ceux du quai ont été achevés, alors que ceux restants, dont la digue secondaire et le quai charbonnier, traînent encore. Et pourtant, prévu début avril leur finalisation, les travaux pâtissent continuellement dans l’oubli. C’est un port qui a nécessité un coût d’investissement de quelque 4,4 MMDH et voué accueillir les grands bateaux, se consent aujourd’hui dans la subjectivité de chiffres avancés à quelque 75% des travaux réalisés. Hélas! On avance quelque part que la cause du retard est due à la liaison du port avec le quai charbonnier. Un quai qui pourrait assurer réalisation et transfert de matières énergétiques.

Cependant, conçu pour accompagner le secteur énergétique et aussi l’industrie chimique, et doté de mesures perfectibles pour l’accomplissement de sa tache industrielle, est désormais en proie aux endommagements techniques. Il risque à ce point, de part ses constructions de base, être exposé aux aléas de ses fondations. Sachant que dynamiser sa mise en marche pourrait donner élan à la revalorisation urbaine du port de Safi-Ville, et répondre positivement au développement économique et social de la Région.

Programmé pour être construit sur trois phases, c’est en avril 2013 que les travaux de la première phase  ont été lancés par le SM le Roi. Cette phase vise en effet à faire assurer l’importation annuelle de 3,5 millions tonnes de charbon, nécessaire au fonctionnement de la nouvelle centrale thermique de Safi d’une puissance totale de 1.320 Mégawatt (MW). La seconde phase, permettra aussi d’augmenter l’importation à 7 millions tonnes de charbon par année, afin de répondre aux besoins de la centrale thermique d’une puissance totale de 2.640 MW, et accompagner le développement des industries chimiques du Groupe OCP, en vue d’assurer un trafic annuel de 14,17 millions tonnes à l’horizon 2025. Et enfin la troisième phase qui s’accentue sur la mise au point d’un quais supplémentaires pour assurer un trafic global annuel import/export d’OCP de 21,95 millions tonnes à l’horizon 2040.

Le terminal charbonnier est notamment une composante importante du projet, car c’est la seule voie pour l’approvisionnement de la centrale en matière première. Donc il s’impose de trouver des solutions aux problèmes qui surgiront pour l’acheminement du charbon. Il semble à ce stade que les gros bateaux devront accoster au niveau des grands ports, comme celui de Jorf Lasfar, puis permettre le cas échéant aux mini-vraquiers de récupérer le charbon et l’acheminer vers le port de Safi, où un petit quai est réservé pour le déchargement de la matière première. Un plan de secours qui permet à la centrale de constituer ses stocks et d’effectuer ses essais en attendant des jours meilleurs.

Toutefois, les chiffres avancés par le ministère de l’Equipement même s’ils sont justes ne disent pas tout. Accusant du retard, les travaux du quai à charbon sont aujourd’hui à l’arrêt. La livraison, qui était programmée pour septembre 2017, comme l’assurait le directeur d’aménagement du nouveau port de Safi, dans une déclaration accordée au quotidien Aujourd’hui Le Maroc en novembre 2016, a été compromise. Ce qui rend impossible l’achèvement de l’ensemble des travaux comme annoncé auparavant . En cause, d’importantes fissures dans les fondations sous-marines du quai. « Un scandale. Du jamais vu dans l’histoire portuaire du pays”, commente une source proche du dossier. Un scandale que toutes les parties prenantes du projet essaient de faire taire. A leur tête : le ministère de l’Equipement, ainsi que le duo maroco-turc, SGTM et STFA, en charge de la construction du port. Une tracasserie qui pousse le ministère à envisager de tout reconstruire. Que s’est-il donc passé depuis?

C’est suite à un contrôle sous-marin ordinaire, que les responsables du chantier se sont rendu compte de l’apparition de fissures dans les fondations du quai. Des fondations qui n’ont pas supporté la charge des blocs de pierre empilés à la surface. “Au lieu d’attendre que la situation s’aggrave, le ministère a opté pour la sécurité en arrêtant les travaux”, déclare une source proche du dossier. A qui incombe cette responsabilité ? Y a-t-il eu une défaillance dans les études techniques ? S’agit-il d’un défaut de construction? “Erreurs de calcul”, nous confie notre source. “Ce sont des choses imprévisibles. Les études sont contrôlées durant toutes les phases de validation et d’approbation par des spécialistes en la matière. Quand un problème donné survient, c’est difficile de détecter où réside la faille”, explique un spécialiste du génie civil.

Pour définir les responsabilités, le ministère de l’Equipement a commandité une expertise technique. “L’expertise préliminaire a démontré que la qualité des matériaux et la mise en œuvre ne sont pas en cause”, ajoute notre source. Du coup, c’est toute la conception du quai qui est en train d’être revue, en s’appuyant cette fois-ci sur des calculs tridimensionnels. Pour réduire les délais de livraison du projet, le ministère a également lancé des études de renforcement tout en entamant les travaux de récupération des blocs. “Il faut récupérer l’ensemble des blocs, même s’ils sont sains, pour reprendre la structure à nouveau”, nous explique-t-on. Ainsi, les experts pourront aussi examiner de près les blocs fissurés, car jusqu’à leur récupération, les seules informations disponibles sont celles fournies par les plongeurs. Le retrait des blocs sains et la décision de tout reconstruire est, pour l’un de nos interlocuteurs, un gage de “la qualité maximale recherchée par le ministère”. Cette qualité recherchée, après coup, se fera au détriment des délais et surtout du budget, qui sera fort probablement assumé par l’une des entreprises participant à la construction.

 Si, comme l’assure notre source, l’Etat n’assumera pas les coûts supplémentaires générés par la reconstruction du terminal, c’est une autre histoire pour le groupement Nareva, Engie et Mitsui & Co, actionnaires de la centrale thermique Safiec, et leur partenaire public, l’ONEE. Pour rappel, l’Office et Safiec ont conclu en 2013 un contrat d’achat et de fourniture d’électricité d’une durée de 30 ans. La centrale a nécessité un investissement de 23 milliards dirhams pour sa mise en service, prévue en 2018.

 

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