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L’Afrique entre conjoncture et comportement des investisseurs

Depuis 2000, la croissance en Afrique est assez impressionnante. Dans le contexte d’une période de haute conjoncture sur les marchés des produits de base qui a commencé dès le début du siècle, l’Afrique, continent riche en ressources naturelles, a réalisé une impressionnante croissance de son produit intérieur brut – non seulement plus forte que dans son propre passé mais aussi que celle d’autres régions en développement, comme l’Amérique latine et les Caraïbes.

Entre 2001 et 2008, la croissance économique des pays africains a été proche de 6 % par an, et elle a permis à ces pays de surmonter dans d’assez bonnes conditions les conséquences de la grave crise financière mondiale de 2008-2009 et le retournement de conjoncture dans l’économie mondiale (FMI,2013 ; BAD et al., 2014). Et, contrairement aux tendances précédentes, les taux de croissance en Afrique centrale, orientale, australe et occidentale ont dépassé ceux de l’Afrique du Nord immédiatement après la crise, tandis que la croissance dans plusieurs des pays d’Afrique du Nord était victime des troubles politiques et des conflits civils survenus depuis 2010. Une croissance annuelle robuste de près de 5 % en Afrique devrait se poursuivre, ce qui ferait du continent l’une des régions du monde où la croissance est la plus rapide, celle-ci ayant été estimée à 3,9 % en 2014 (CEA, 2015)1.

Ce retournement apparemment séculaire a entraîné un changement complet de comportement des investisseurs à l’égard des perspectives de l’Afrique, suscitant l’espoir que le continent deviendrait en fin de compte un nouveau pôle de croissance. Dans la presse écrite et parlée de par le monde, le discours est celui d’une renaissance africaine, d’une remontée de l’Afrique. Non seulement l’Afrique bénéficie de vastes ressources naturelles, mais elle pourra aussi recevoir un dividende démographique (une population jeune en âge de travailler), facteur dont les investisseurs tiennent comptent de plus en plus dans leurs décisions. De nombreux pays émergents – Brésil, Chine, Inde, République de Corée, Turquie et les États du Golfe qui sont riches en capitaux – ont intensifié leurs liens économiques avec l’Afrique et de plus en plus en font un important partenaire de développement, dans le cadre d’une coopération Sud-Sud connaissant une vigueur nouvelle. Cette forte croissance ne se borne pas à quelques pays riches en ressources, mais elle se propage à l’ensemble des autres pays à faible revenu ou revenu intermédiaire, comme l’Éthiopie et le Rwanda.

Pourtant, ce phénomène n’est pas universel. La majorité des pays africains ont à peine diversifié leur économie, dont la base reste étroite et fortement dépendante des produits de base, ou modifié de façon appréciable leur structure socioéconomique. L’investissement étranger et intérieur a certes beaucoup augmenté, la demande intérieure a progressé sous l’impulsion des classes moyennes au cours des 10 dernières années, mais la croissance en Afrique demeure tributaire de facteurs extérieurs. La période de haute conjoncture pour les produits de base, qui a changé complètement la perception des investisseurs, n’a pas encore produit des retombées à l’échelle de l’ensemble de l’économie d’un pays, d’une région ou du continent.

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