EconomieInterviewReportage

Abdellah Bakrim, président du CRT Doukkala-Abda

Une région en passe de devenir une mégapole touristique

Le potentiel économique de la région d’El Jadida ne se distingue nullement par son avancée agricole mais par ses potentialités industrielles et touristiques. Et c’est ça qui la fait généralement aligner sur le secteur primaire ignorant par ce fait ses capacités touristiques. Ces capacités qu’on ne veuille réveiller que durant les courtes saisons estivales d’été. Loin restent ses atouts qui regorgent de sites historiques et pittoresques. Et c’est dans cette optique que M. Abdellah Bakrim nous a livré coeur ouvert son opinion dont ci acte.

Energie et Mine magazine: Parlez-nous des potentialités touristiques de la région Doukkala/Abda ?
Abdellah Bakrim : La décennie 2010 serait- elle le signe de la régionalisation. Ou un challenge d’avenir stratégique pour le Maroc, d’ailleurs dans le discours Royal du 20 août 2010, S.M. le Roi Mohammed VI avait consacré ses orientations sur le projet d’une régionalisation avancée, un chantier qui mènera le Maroc vers la voie de la modernité. Il s’agit donc d’une dynamique où la région Doukkala-Abda doit s’inscrire en véritable pôle de compétence et moteur de croissance, pour participer au développement du tourisme national en exploitant le génie local et les potentialités touristiques de la région.
La région «Doukkala-Abda» est en passe de devenir une mégapole touristique, véritable carrefour de 3 pôles régionaux (Casablanca, Marrakech et Agadir) avec une façade maritime de 300 Km. «Doukkala-Abda» se positionne dès aujourd’hui comme une région importante dans l’avenir économique du pays, sa contribution au PIB national est d’ailleurs en constante évolution.
La région Doukala-Abda offre de longues plages au sable fin, aux amateurs de stations balnéaires, dont plusieurs portent déjà le label prestigieux «Pavillon bleu», et des stations d’ostréiculture à El Oualidia, pour les amateurs de sports extrêmes, la région est d’une grande richesse, elle abrite en
effet la fameuse 7ème vague du monde dans un site d’une très grande beauté dénommée «ras-lafâa» à Safi et sur lequel de grandes marques comme «quiksilver», ou «billlabon» ont organisé des compétitions mondiales de surf, et des grottes qui feront sans aucun doute le bonheur des amateurs de spéléologie.
La région Doukkala-Abda c’est aussi des monuments portugais datant de plus de cinq siècles, une des plus anciennes mosquées du Royaume, des fauconniers, des manifestations équestres traditionnelles (fantasia), la réserve royale de la gazelle, Sidi Shiker, lac Zima et ses flammons roses, le Mosolée Ouled Ben Zmirou, la Kasbah Hmidouche, la Kasbah de Boulaouane, le musée nationale de la céramique, des Tazotas…
et plusieurs sites uniques offrant des émotions particulières.

Est-ce que la capacité de l’infrastructure hôtelière actuelle peut répondre aux besoins croissants des flux des touristes vers cette région ?
La première chose à faire serait sûrement de renforcer et faire interpeler davantage les associations
des différents métiers du tourisme à savoir l’Association de l’industrie hôtelière de la région, des restaurateurs, des transporteurs touristiques, des guides et des agences de voyages et mettre en place une philosophie de dialogue et de concertation, en vue de se structurer pour défendre au mieux les intérêts de la région.
L’objectif, est de développer toute la région Doukala-Abda, que ce soit en tourisme balnéaire, culturel ou rural, à cet égard, il faut noter que de plus en plus de T.O s’intéressent à la région et ce n’est pas pour rien que «Mazagan Beach resort», l’une des plus belles stations du plan azur, s’y est installée sans oublier le projet CMKD destiné au tourisme interne dans le cadre du plan «Biladi»
La proximité de la région «Doukala-Abda» d’Essaouira et de Marrakech permettrait de développer une stratégie qui faisant bénéficier des millions de touristes, ces perspectives restent toutefois tributaires du désenclavement de la région à savoir la réhabilitation de la liaison routière Safi/Marrakech, en très mauvais état aujourd’hui, et de la programmation d’un aéroport dans la région.

Sachant que toutes ces potentialités exceptionnelles dont regorge la région, comment les autorités locales de la ville perçoivent-eiles la création d’un festival culturel, à l’image de celui de Rabat, Marrakech ou Casablanca, pour attirer plus de touristes nationaux et internationaux ?
En effet, le tourisme est un créneau à la fois rentable sur le plan économique et générateur d’emplois sur le plan social, c’est aussi un levier de développement important par ses effets directs sur les autres activités économiques: restauration, commerce, artisanat, animation, transport…
Il est donc impératif qu’on mette en place une stratégie innovante, réaliste et diversifiée afin qu’on puisse bénéficier de ces retombées sur l’ensemble des secteurs liées au tourisme, d’autant plus que le tourisme a toutes les chances de développements dans la région «Doukala-Abda», vue ses ressources naturelles et son riche potentiel touristique.

Quels sont les facteurs clés qui peuvent booster le tourisme dans la région ?
Pour conclure, la région dispose des atouts et des potentialités nécessaires pour devenir un pôle d’attraction de grande envergure, tant pour les touristes nationaux et étrangers grâce à la beauté de sa mer et ses plages, à la richesse de sa culture et son historie et au dynamisme de ses professionnels sans oublier la courtoisie et l’hospitalité de ses habitants…
Les limites enregistrés dans la décade 2010 :
– peu d’attention au tourisme interne et aux MRE par rapport aux étrangers ;
– attaquer le secteur informel menant une concurrence déloyale contre les hôteliers ;
– on dépend beaucoup du marché traditionnel (France, Grande-Bretagne, Allemagne, Espagne, Italie et Belgique), il faut se tourner davantage vers les pays émergents (la Russie, la Pologne et la Chine…) ;
– on n’a pu ouvrir que 2 stations du plan azur (retard d’exécution) ;
– la formation dans les instituts touristique ne répond pas à la qualité voulue alors que le Maroc dans le cadre de son plan principal qui est le plan azur visant une clientèle de luxe habituée aux services aux standards internationaux,
– le tourisme rural est sous-développé dans l’oubli que 50% de la population marocaine est rurale ;
– la stratégie 2010 s’est focalisée sur certaines régions déterminées, ce qui a causé un déséquilibre de développement touristique au niveau du territoire marocain ;
– la stratégie 2010 n’a pas pu inscrire le tourisme durable dans ces priorités au niveau du social, culturel et surtout écologique, et les spécificités de la région doivent être prises en compte, en premier avant la détermination du produit correspondant, (le découpage territorial doit se faire en produit et non en décision administrative).
Les défis de la vision 2020 :
– être réaliste ;
– un développement durable et responsable;
– une qualité au niveau de toute la chainede valeur touristique (la formation de qualité);
– la fidélisation du marché coeur et l’attaquedes marchés émergents ;
– un transport aérien à généraliser dans lesrégions ;
– regrouper les fonds d’investissement pour qu’ils soient plus attractifs, aucune banque à Safi ne connaît le fonds «Renovotel» ;
– le problème de collaboration entre institutions publiques spécialisées et le privé ;
– le tourisme comme outil essentiel de promotion;
– le développement du tourisme interne ;
– un découpage pertinent du territoire en termes de produits ;
– encourager l’investissement touristique en général et hôtelier en particulier ;
– prendre les nouvelles tendances internationales à savoir : 60% des réservations se font via le net.

Est-ce que le département de tutelle, d’un côté, et les tour-opérateurs de l’autre, vous accompagnent dans votre vision pour le développement du secteur dans la région ? Et quelles seraient vos attentes les plus urgentes ?
La baisse des circuits longs, au profit des séjours d’une semaine ,qui pousse le touriste à passer moins de temps sur le territoire marocain d’où la nécessité de la vision 2020 à s’intéresser à l’ensemble des régions du Maroc et non pas seulement Marrakech et Agadir. Les touristes décident tardivement leur voyage (formule last minute avec des prix compétitifs), Même les longs courriers commencent à baisser leurs prix; ce qui augmente le nombre des concurrents du Maroc.
Ainsi, grâce aux low-cost le touriste dispatche ses vacances en plusieurs petits séjours, en fin il ne faut pas perdre de l’oeil les principaux concurrents : la Turquie, la Tunisie et l’Égypte.
Pour la Turquie, la consolidation des rapports entre l’autorité de tutelle et le privé (TO hôteliers. Agents de voyages, associations professionnelles…). En encourageant encore plus le tourisme domestique pour les pays voisins (les pays du Moyen-Orient par exemple).
En ce qui concert l’Égypte : 11 milliards en 2007 à 14 milliards en 2009 (la meilleure performance du pourtour de la Méditerranée, augmentation de presque 30%). Ils ont bien sûr diversifier leur clientèle (Europe de l’est, Moyen-Orient), ils visent une clientèle moyen gamme ce qui leur a été très avantageux en cette période de crise.
La Tunisie : en cette période de crise, ils ont augmenté leur budget de promotion et de communication surtout vis-à-vis de l’Europe (éductour, voyage de presse, road show et workshops). Ils ont aussi investit beaucoup dans la préservation des sites historiques car cela va assurer nécessairement un retour d’investissement alors qu’à Safi il nous faut des fonds pour éviter la chute du château de mer, ils ont aussi intensifié le développement du tourisme, du golf et la mise à niveau des hôtels.

Propos recueillis par M.Moudarir

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