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Les mines cherchent consensus

Il y a quelques mois, précisément les  15 et 16 Mai 2015, s’est tenu à Jerada, la session d’été 2015. Cette rencontre de haut niveau, dont le thème est « Villes et régions minières : La vie après la mine» a été un moment d’intenses réflexions sur de nouvelles idées, stratégies et actions susceptibles d’accélérer la transformation des territoires miniers.

L’un des mérites de cette cession d’été est d’avoir contribué à clarifier les vrais enjeux du développement en mettant l’accent sur la problématique de la gouvernance des ressources naturelles, qu’elles soient minières, foncières, forestières ou halieutiques, pour ne citer que celles-là.

Le secteur de l’exploitation des ressources minérales constitue la principale activité économique de nombreuses régions arides marocaines qui couvre trois quarts de l’offre mondiale de phosphate, de platine et un septième de l’offre d’argent la Société Métallurgique d’Imider (SMI) sous le nom sur le marché international « Imiterite minérale data». Toutefois, le Maroc ne consomme pas ces produits, à part quelques exceptions, et très peu d’entre eux y apportent ne serait-ce qu’un début de transformation et de valeur ajoutée. Mais cette situation est loin d’être une fatalité, car il est bien possible d’inverser la courbe en améliorant le système de la gouvernance intérieur et en considérant ces secteurs comme des éléments structurants d’une stratégie de développement plus large et à plus long terme.

Les mêmes analyses peuvent être faites sur le secteur des ressources foncières. Près de 60 % des terres arables sur le pays sont inexploitées. Une partie importante fait l’objet de transactions, sous forme de location ou de vente, au profit des investisseurs internationaux espérant des gains importants. Les impacts d’une telle tendance sur la vie des populations locales plus vulnérables, sont déjà largement documentés. Les principaux nœuds d’inquiétudes concernent la sécurité alimentaire, l’impact environnemental et les bouleversements sociaux.

Dans ce domaine aussi, il est nécessaire d’organiser le débat sur les vrais enjeux de la gestion foncière au Maroc et de poser des actes de gouvernance responsable, vertueuse et orientée vers les intérêts de peuple.

Rebondissement

Quant aux ressources forestières -principales sources d’énergie du pays- elles sont aussi au centre d’enjeux économiques et socioculturels majeurs. Les forêts fournissent des services essentiels qui sous-tendent la performance économique, le bien-être des populations et la durabilité environnementale. Les ressources forestières couvrent plus de 23% de la superficie du pays. Le moyen-Atlas et le Haut-Atlas par exemple est la cinquième forêt du continent africain et fournit des moyens de subsistance à près de 7 millions Marocains. C’est pourquoi, le débat sur les stratégies émergentes relatives à la gestion durable et à la mise en valeur des ressources forestières au Maroc, ainsi qu’au renforcement de leur contribution au développement global, vient à point nommé comme souligné lors de la session d’été 2015.

Les ressources halieutiques, provenant aussi bien de la pêche en eau douce ou en mer, représentent, si elles sont bien gérées, un énorme potentiel et ouvrent aussi de réelles perspectives de développement pour de nombreuses régions marocaines. Elles contribuent à la nutrition et à la sécurité alimentaire, créent des emplois et du revenu et génèrent des recettes d’exportation, en particulier dans les régions dotés de façade maritime.

Le point commun de ces secteurs est qu’ils sont tous insérés dans un modèle d’exploitation extraverti dans lequel les grands groupes étrangers dominent en amont et en aval. Ces groupes importent l’essentiel de leurs intrants et exportent la quasi-totalité de leurs produits sans les transformer. Les recettes tirées de cette exploitation n’alimentent que trop rarement les économies des territoires d’accueil, ou y contribuent à des niveaux beaucoup moins importants que ce qu’ils auraient pu atteindre. Dans le domaine minier par exemple, les bénéfices nets récoltés par les deux plus grands groupes miniers ont augmenté en moyenne de 156% en 2010, alors que la part des territoires d’accueil n’a progressé que 10%, dont l’essentiel est allé au Maroc utile. Pour les territoires d’accueil, les parts ont été nettement moindres du fait de généreuses bonifications accordées aux sociétés minières. Dans la même période, les bénéfices nets réalisés par ces deux groupes miniers étaient de 70 milliards de dirhams.

En se limitant à ce secteur des ressources minières, on perçoit mieux les enjeux du renouvellement de la gouvernance pour une exploitation plus valorisante des ressources naturelles. Cela est d’autant plus important que le mode d’exploitation, de gestion et de redistribution des revenus tirés de ces secteurs apparait comme l’une des principales causes des conflits sur le pays (Ex. de Imider et Khouribga).

Conflits sociaux

Ces conflits sont portés par des groupes exclus des réseaux de redistribution des ressources tirées de leurs terroirs. En outre, le secteur des industries extractives jouit d’une mauvaise réputation liée, entre autres, à la précarité des emplois, à la succession des emplois entre les fils et les filles des employés sans prendre en considération l’embouche des jeunes des territoires d’accueil, à la marginalisation des territoires d’accueil, faiblesse des normes de la protection de l’environnement et au chétif niveau de développement des territoires d’accueil. Tout cela contribue à alimenter les conflits sociaux, quelque fois dramatiques. L’exemple de la tragédie récente de Imider, au sud-est de royaume, est assez révélateur des drames qui peuvent se jouer dans ce secteur.

Une gouvernance des ressources naturelles orientée vers les intérêts des territoires d’accueil apparait comme une solution efficace pour renverser cette tendance. Cela passe par la mise en place de politiques de développement à long terme, dans lesquelles les ressources naturelles seront considérées comme des éléments de transformation économique et sociale, et non comme une niche de prélèvement de taxes. Cela suppose aussi des investissements massifs dans les infrastructures, les secteurs sociaux et le renforcement des capacités de négociation de l’Etat, ainsi que le renforcement du rôle de ce dernier dans le secteur. Au niveau Marocain, il convient aussi de s’engager sur de nouvelles orientations et de traduire en actes concrets les engagements contenus dans la vision minière locale.

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