Interview

Entretien avec Son Excellence Mme la Ministre des Mines et de la Géologie

Le sous-sol sénégalais regorge de nombreuses opportunités d’investissement. Quels sont les minerais les plus prisés par les sociétés étrangères opérant au Sénégal ?

Les sociétés étrangères opérant au Sénégal autant dans l’exploitation que dans la recherche minières, sont plus tournées vers l’or, les minéraux lourds (zircon, titane, ilménite), les phosphates de chaux. Egalement, de l’intérêt est souvent manifesté pour le fer, la recherche de nickel et cuivre.

Pour répondre activement à l’exportation, le Sénégal nourrit des ambitions dans l’industrie d’extraction et de transformation. Quelles sont les prévisions et comment se présentent les convoitises par rapport au marché étranger ?

En effet, le Sénégal ambitionne de faire du secteur des Mines et de la Géologie un des piliers du développement durable du pays et, c’est pourquoi, dans le cadre du Plan Sénégal Émergent (PSE), adopté en février 2014 et référence de toutes les politiques économiques et sociales du Sénégal sur un horizon à moyen et long terme, ledit secteur a été ciblé parmi les six (6) secteurs prioritaires porteurs de croissance, d’emplois et d’Investissements Directs Étrangers (IDE). Ainsi, les projets ci-après ont été retenus :

– Développement de la filière phosphates/fertilisants afin de porter le Sénégal dans le top 3 des producteurs de phosphates en Afrique à l’horizon 2023 ;

– Accélération de l’exploitation des gisements de zircon ;

– Accélération de l’exploitation du secteur aurifère ;

– Relance du projet intégré sur le fer de la Falémé ;

– Encadrement et promotion des mines artisanales ;

Positionnement du Sénégal comme hub minier régional.

Quels sont les avantages et incitations offertes par le nouveau Code minier du Sénégal ?

En effet, la loi 2016-32 du 8 novembre 2016 portant code minier et le décret n°2017-459 fixant les modalités d’application de ladite visent à promouvoir un partenariat mutuellement avantageux entre l’Etat, l’investisseur et les communautés locales.

Avantages pour les sociétés :

– la simplification de la terminologie propre à l’exploitation minière ;

– l’optimisation du taux de la redevance minière dans le cadre d’un dispositif modulaire selon les substances minérales extraites ;

– la modification de l’assiette de calcul de la redevance minière constituée désormais par la valeur marchande des produits extraits en lieu et place de la valeur au carreau de la mine ;

– l’identification de zones promotionnelles pour encourager les investissements dans des périmètres à fort potentiel minier ;

– le réaménagement des dispositions relatives à la confidentialité des données dans le but de se conformer aux obligations de transparence de la norme de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) ;

– l’obligation de réhabilitation des sites pour les projets de recherche

– le renforcement du dispositif de contrôle et de surveillance de l’activité minière ;

– la réintroduction de la taxe superficiaire avec le maintien de l’obligation de rendu de superficie lors du renouvellement d’un permis de recherche;

– en phase de recherche et en phase d’exploitation : exonérations douanières applicables à plusieurs matériels et produits, ces exonérations sont étendues aux entreprises sous-traitantes des sociétés en phase de recherche; pour les sociétés titulaires de permis d’exploitation minière, d’autorisation d’exploitation de petite mine ainsi que leurs sous-traitants, les mêmes avantages sont accordés durant la phase de réalisation des investissements.

– Prévision de garanties relatives notamment à la non-discrimination dans la réalisation des activités minières, au libre choix des partenaires, fournisseurs et sous-traitants, la libre importation et la libre exportation etc.

Avantages pour les populations:

– l’orientation du Programme Social Minier vers un Fonds d’appui au développement local ;

– l’instauration du Fonds de Pérequation et d’Appui aux Collectivités locales

– la promotion du contenu local

Le Sénégal est réputé pour sa filière industrielle en sables miniers. Quelles sont aujourd’hui les opportunités les plus appropriées pour le pays ?

Ces dernières années, le secteur minier a connu d’importants développements. Ainsi, à la fin de l’année 2012, la contribution du secteur extractif était de 46 milliards FCFA, aujourd’hui elle s’élève à 118 milliards en 2016. Parallèlement, les emplois ont progressé de 3000 en 2012, à 8000 en 2016.

Avec l’adoption du nouveau code minier, nous attendons une amélioration significative des revenus miniers de l’Etat, du cadre de vie des populations locales de même que les indicateurs de gouvernance des ressources minérales avec la participation de notre pays à l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE). Aussi, d’importants projets d’exploitation de gisements de phosphates et d’or sont en cours de réalisation dans les régions de Diourbel, Thiès, Louga et Kédougou.

Le renforcement progressif de la production de Sabodala Gold Operations (SGO) conjuguée avec la mise en exploitation prochaine des projets de MAKO et SORED MINES devraient permettre d’atteindre progressivement l’objectif de 17 tonnes fixé par le PSE à l’horizon 2020.

Il en est de même pour les phosphates dont l’objectif fixé à 2,5 millions de tonnes de phosphates devrait être atteint avec en particulier la pleine capacité des ICS et la montée en puissance de la SOMIVA et l’exploitation des gisements de Gadde Bissik , de Baiti par successivement les société BMCC SA et G-PHOS.

Pour ce qui concerne le Zircon, l’objectif de 90 000T serait atteint grâce à GCO avec une production en pointe de 80 000T.

S’agissant du projet des Mines de fer de la Falémé, la signature d’un protocole avec le groupement sud-africain Ntonga-Transnet permet de relancer le projet à côté d’une décision d’implanter une mini sidérurgie dans la région

Quel rôle joue le secteur minier dans développement économique du Sénégal ?

Le secteur minier joue un rôle de premier plan dans le développement socio-économique du Sénégal. Les rapports ITIE du Sénégal montrent :

• Au titre de l’exercice fiscal 2015, les revenus déclarés du secteur minier s’élèvent à cent huit milliards cent quatre vingt quinze mille (108 195 000 000) F CFA dont quatre vingt dix neuf milliards huit cent quatre vingt quinze mille (99 895 000 000) F CFA soit 92% provenant du secteur minier (sociétés minières : 67 177 000 000 F CFA et Revenus exceptionnel – Mittal Steel Holding AG : 28 220 000 000 F CFA). Ainsi, pour l’exercice 2015, la contribution du secteur extractif à l’économie nationale est de 23% aux exportations, 5% aux recettes courantes, 1,3% pour le PIB et 0,2 à l’emploi et la valeur des exportations des produits miniers s’élèvent à trois cent quinze milliards cinq cent quatre-vingt onze millions (315 591 000 000) F CFA dont cent trente-deux milliards sept cent soixante-deux millions (132 762 000 000) F CFA sont relatifs à l’or.

• Au titre de l’exercice fiscal 2016, les revenus déclarés du secteur minier s’élèvent à cent deux milliards six cent neuf mille (102 609 000 000) F CFA dont quatre-vingt-quatorze milliards six cent cinquante-neuf millions (94 659 000 000) FCA soit 92% provenant du secteur minier. Ainsi, pour l’exercice 2016, la contribution du secteur extractif à l’économie nationale est de trois cent soixante-quatre milliards six cent dix-sept millions cinq cent huit mille cinq cent quatre-vingt-quatre (364 617 508 580) F CFA dont cent cinquante-huit milliards huit cent vingt-trois millions sept cent mille trois cent onze (158 823 700 311) F CFA sont relatifs à l’or.

La création pour la première fois dans l’histoire institutionnelle du Sénégal, du Ministère des Mines et de la Géologie, marque l’importance que le Gouvernement accorde au Secteur minier.

Excellence, la dernière visite du Roi Mohammed VI au Sénégal, en Novembre 2016, aura permis d’intensifier et de booster la coopération entre les deux pays. Comment se présente cette coopération bilatérale aujourd’hui, notamment au niveau du secteur minier ?

Dans le cadre de la coopération avec le Maroc, nous serions intéressés de nouer des partenariats en vue de bénéficier de l’expertise et de l’expérience marocaines dans les domaines ci-après: patrimoine géologique en matière de geoparcs, gestion des rejets de phosphates, encadrement et promotion des mines artisanales, optimisation de la responsabilité sociétale des entreprises au profit des populations impactées, gestion de l’après mines, l’acquisition de meilleures techniques de contrôle et de suivi des exploitations minières, l’utilisation des systèmes d’information pour une meilleure maîtrise de notre potentiel minier, l’optimisation des études d’impact et de la surveillance environnementale et sociale des programmes et projets etc…

Dans la perspective du salon SIMC 2018 (salon international des mines et carrières) qui doit se tenir prochainement à Casablanca, quel message Mme la Ministre, voudriez-vous transmettre ?

Le Sénégal est heureux de participer à cet évènement dont le thème « les défis du développement des mines en l’Afrique » nous interpelle tous en qu’Etat. Cela nous offre l’opportunité de bénéficier des riches et précieuses expériences du Maroc et des autres pays présents en vue de relever avec succès les importants défis pour faire de notre secteur minier un moteur de développement économique et social.

Tags
Montrer plus

Articles connexes

Close