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Exploitation minière

L’informel fait emplette

Au Maroc, où l’exploitation de nombreuses ressources minières a donné naissance à des formes d’urbanisation originales, la gestion de l’environnement urbain pose de grands problèmes aux décideurs locaux. Les agglomérations minières sont, en effet, les premières victimes du processus de dégradation de l’environnement à cause des rejets solides, liquides et gazeux de la mine.

Si on ajoute les problèmes environnementaux « ordinaires » qu’on rencontre dans toutes les villes marocaines (assainissements solide et liquide, habitat insalubre, pollution atmosphérique, pollution des réserves d’eau, etc..), ces villes et agglomérations minières sont doublement victimes et fragilisées par la dégradation de l’environnement, d’autant plus que la population ouvrière est plus exposé à ces nuisances. Ainsi, donc à la ségrégation socio spatiale qui caractérise les villes minières d’une manière générale, s’ajoute l’inégalité des habitants devant le risque environnemental.
À travers l’exemple des agglomérations phosphatières marocaines nous montrerons l’ampleur de ces dégâts et injustices socio spatiales, mais encore, nous nous interrogerons sur l’efficience des stratégies mises en oeuvre par les acteurs locaux (le Conseil Communal, la Compagnie minière, les ONG…) afin de limiter ces nuisances et d’assurer un « développement durable » aux habitants de ces concentrations minières urbaines.
Il est incontestablement permis, par le truchement de la précarité de l’habitation qu’abrite les endroits miniers, de ne pas relever l’existence d’ une main d’oeuvre corviable agissant pour le profit d’exploitants de mines dits artisanaux. L’industrie minière a été un vecteur de mutations économiques et de changements socio-spatiaux dans de nombreux pays producteurs du Tiers Monde , malgré son rôle multiplicateur de dépendance technologique et financière vis à vis des pays capitalistes développés. En effet, en continuant à jouer le rôle de simple fournisseur de produits pour des pays économiquement avancés, l’échange inégal qui prévalait entre la métropole et la colonie continue aujourd’hui de fonctionner en changeant de visage à l’heure de la mondialisation.
Ces actions constituent le coeur de la réforme appelée aujourd’hui à prendre cours de réalisation. D’autant plus qu’elles ont un double objectif, car en structurant les petites exploitations on combat automatiquement des exploitations illicites. C’est un dossier épineux auquel le ministère de l’Energie et des Mines doit s’attaquer. Surtout dans le cas du charbon de la région de Jerada, de la vanadinite de la région de Mibladen et du plomb et zinc de la célèbre zone de Touissit. Mais tout le challenge est de mettre en place des actions pour éradiquer le phénomène, sans pour autant ignorer les familles qui vivent de ce business même s’il est illicite. Par ailleurs, la problématique liée à l’après-mine fait aussi ravage et encourage l’informel dans ce domaine. Nombreux sont ceux qui bâtissent tout un business sur la base de matières premières récupérées sur des mines «illégales». L’illégalité de ses mines vient du fait que leurs exploitants initiaux n’ont pas respecté les exigences légales de fermeture de mines ou des carrières une fois l’exploitation achevée. Ce qui laisse libre cours aux opportunistes. Le ministère compte -il sérieusement se pencher sur les mines actuellement fermées comme Jerada, Zaida, Touissit,… ? Pour analyser leur impact sur l’environnement et envisager leur réhabilitation, la question est aussi de faire impliquer les autorités locales dans cette oeuvre.
Mais il n’y a pas que l’informel qui handicape ce secteur, d’autres contraintes existent. Il s’agit notamment du problème de moyens.
Le financement dont dispose aujourd’hui, par exemple, l’un des principaux acteurs du secteur, qui n’est autre que l’Onhym, est jugé insuffisant qu’il s’agisse de l’enveloppe concernant la mise en place de l’infrastructure géologique ou la réalisation de travaux de recherche et de promotion. D’ailleurs l’Office n’a pas manqué l’occasion de le préciser dans son rapport sur les réalisations de la décennie publié en 2008. Le blocage au niveau de l’investissement réside dans le fait que les résultats des recherches et forages ne sont pas toujours concluants et restent très incertains. Un nouveau code
minier est désormais impératif.
Les professionnels s’accordent aussi à dire que le secteur minier manque aujourd’hui de coordination entre ses différents opérateurs. En effet, on trouve d’un côté le pôle public représenté par l’Onhym comme opérateur public indépendant, l’autorité de tutelle qui agit soit directement à travers le département de l’Energie et des Mines ou indirectement à travers des organismes comme le Fonds de formation professionnelle inter-entreprises minières ou encore la Centrale d’achat et de développement de la région du Tafilalet et de Figuig. Et de l’autre côté les entreprises et les opérateurs privés qui agissent via la Fédération de l’industrie minérale (FDIM) et enfin les opérateurs individuels. Il est temps que le gouvernement planche dans le cadre de la réforme sur la nécessité de créer des synergies et harmoniser les actions pour faire en sorte que la chaîne de production du secteur atteigne le niveau le plus optimal possible surtout si l’on veut conquérir des parts de marché à l’international.
Du côté de la filiale de l’ONA, Managem, celle-ci a nettement redressé sa situation financière en 2009 après l’important déficit qu’elle a subi en 2008. Incontestablement, le chiffre d’affaires consolidé de la société a enregistré une hausse de 6%, contre une baisse de 5,4% en 2008, pour s’établir à 2,2 milliards de dirhams. Le repli de 41% du chiffre d’affaires du cobalt suite à la baisse des cours de cette matière sur le marché international a été compensé par la hausse des volumes vendus en cuivre, fluorine et argent, ainsi que l’amélioration de la parité dollar/dirham. Les autres agrégats financiers ont aussi connu de nettes améliorations. En effet, le résultat d’exploitation consolidé de la société a atteint 81,5 millions de dirhams en 2009, contre un déficit de 286 millions de dirhams en 2008. Cela a été possible grâce notamment à une politique rigoureuse au niveau des charges. La société a conséquemment réduit ses charges d’exploitation et d’investissement. Ainsi, le résultat net part du groupe est passé d’une perte de 589 millions à un bénéfice de 22,7 millions de dirhams. Managem n’a pas seulement amélioré sa situation financière, elle a aussi procédé à d’importantes découvertes minières en 2009, et ce, malgré la réduction des investissements. En effet, à travers ses différentes filiales, la société a découvert une réserve additionnelle de 432 tonnes d’argent dans la mine d’Imiter, plus de 551.000 tonnes additionnelles de fluorine ont été mises en évidence, 2,67 millions de tonnes supplémentaires de cuivre ont été découvertes à Akka, 45.600 tonnes de cobalt et 79.000 tonnes de cuivre s’ajoutent aux réserves disponibles dans la République démocratique du Congo. Et la suite viendra.

M.Moudarir

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