Environnement

Toxicité Alerte au formaldéhyde

Amine MOUBARIK (*)
Doctorant en chimie et physique des polymères
Laboratoire de Physique et Chimie des Polymères
Université de Pau et des Pays de l’Adour, France
E-mail: amine.moubarik@etud.univ-pau.fr

Le formaldéhyde, également appelé aldéhyde formique, formaldéhyde (solutions), méthanal, formaline ou oxométhane, se présente à température ambiante sous forme d’un gaz incolore à odeur âcre et suffocante. Le seuil minimum de perception de cette odeur caractéristique est de 0,05 ppm et est détecté par la plupart des personnes autour de 1 ppm. Le formaldéhyde est quasi omniprésent dans l’environnement. Il provient de sources naturelles et de sources liées à l’activité humaine. La combustion des végétaux s’avère la plus importante source de formaldéhyde dite « naturelle ». Les gaz d’échappement des véhicules à moteur (diesel et à essence) génèrent la plus grande part des émissions d’origine humaine. Bien que les quantités globales de formaldéhyde associées soient faibles, l’utilisation de poêles à bois, de foyers, la consommation de cigarettes, et certaines méthodes de cuisson des aliments constituent des sources de contamination de l’air intérieur. De la même façon, la dégradation et le dégazage de certains produits contenant du formaldéhyde (composites à base de bois, textiles infroissables) peuvent contribuer à augmenter la concentration de formaldéhyde dans l’air intérieur.

Le formaldéhyde est surtout produit par oxydation du méthanol, lui-même obtenu à partir du gaz naturel. Il est principalement utilisé dans la production de colles qui entrent dans la fabrication de panneaux agglomérés, de particules, de contreplaqués, de meubles et d’autres produits du bois. On emploie également le formaldéhyde dans la fabrication de diverses matières plastiques, de certains fertilisants, de résines utilisées dans les moules de fonderie en sable, ainsi que de certaines peintures et vernis. L’industrie du textile fait appel à ces résines comme apprêts pour rendre les tissus infroissables. Il sert également à la synthèse d’autres produits chimiques. Enfin, on a recours au formaldéhyde pour ses propriétés bactéricides dans de nombreuses formulations de produits désinfectants, de cosmétiques, de liquides d’embaumement et de solutions de conservation de tissus biologiques.

L’exposition professionnelle au formaldéhyde par inhalation provient principalement de trois types de sources : la décomposition thermique ou chimique des résines à base de formaldéhyde, l’émission de formaldéhyde attribuable aux solutions aqueuses (par exemple, les liquides d’embaumement), ou la formation de formaldéhyde résultant de la combustion d’une variété de composés organiques (par exemple, les gaz d’échappement).

L’utilisation des formaldéhydes comporte des risques, notamment d’incendie. L’aldéhyde formique (ou formaldéhyde) à la température ordinaire est un gaz très inflammable qui forme des mélanges explosifs avec l’air dans des limites de 7 à 73 % en volume. De plus, les vapeurs qui se dégagent du feu sont aussi très toxiques et ont des effets irritants. Des signes d’irritations des voies respiratoires sont notés dès 0,5 ppm chez la souris. Ils se traduisent notamment par une diminution du rythme respiratoire et par une augmentation de la résistance des voies aériennes. Ces effets sont d’autant plus marqués que la concentration est élevée. À forte concentration, soit supérieure à 50 ppm, des irritations intenses des muqueuses oculaires et respiratoires sont observées ainsi que des vomissements et une hypersalivation. En phase terminale, des convulsions et un coma apparaissent.
Par voie cutanée, ce produit provoque une irritation de type eczéma. Par voie orale, il altère les muqueuses digestives. Par voie intra veineuse des effets cardiovasculaires sont observés. De plus, ce produit est cancérigène. Des expériences sur des rats montrent que des cancers des fosses nasales apparaissent pour une concentration de 14,3 ppm. Quant à l’homme, il supporte des taux inférieurs à 1 ppm. Les premières irritations sont ressenties pour un taux compris entre 1 et 3 ppm. Des tests sur des volontaires sains ont été effectués à des concentrations de 0,3; 0,5; 1 ou 2 mg/m3 à cinq heures par jour pendant quatre jours. Il s’avère que la fonction respiratoire n’est pas altérée et il n’y a pas non plus diminutions des performances intellectuelles. Quant à l’ingestion de ce produit il se comporte comme un caustique très puissant.
L’Union Européenne a classé le formaldéhyde comme cancérogène de catégorie 3, C3 : substance préoccupante pour l’homme en raison d’effets cancérogènes possibles (à titre d’exemple, excès de cancers nasopharyngés). Ce classement va être prochainement revu (catégorie 1 vraisemblablement). Le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a évalué les données scientifiques disponibles sur la cancérogénicité du formaldéhyde et a, récemment, classé celui-ci comme « cancérogène pour l’homme » (catégorie 1).

Quel que soit le secteur d’activité, il est souhaitable de supprimer le formaldéhyde. Certaines entreprises de fabrication d’aliments pour bétail, de composites à base de bois et de papier ont décidé de le supprimer définitivement de leurs produits. Si la substitution n’est pas possible, l’entreprise doit abaisser l’exposition des opérateurs en installant des mesures de prévention collective, et notamment des aspirations localisées au plus près des sources d’émission.

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